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Matteo Salvini, vice-président du gouvernement italien et dirigeant de la Ligue, a réuni, samedi, plusieurs partis nationalistes et d'extrême droite européens. Mais sans la présence du FPÖ autrichien, ébranlé par un scandale de corruption.

Le chef de la Ligue (extrême droite italienne) Matteo Salvini a mobilisé ses partisans contre l'"Europe des élites" et "du passé", samedi 18   mai, dans le centre de Milan, aux côtés d'une dizaine de ses alliés européens dont la Française Marine Le Pen.

"Sur cette place, il n'y a pas d'extrémistes, il n'y a pas de racistes ou de fascistes", a-t-il lancé aux dizaines de milliers de ses partisans rassemblés sous la pluie sur la grande place du Duomo, la cathédrale de Milan. "Les extrémistes sont ceux qui ont gouverné l'Europe pendant 20   ans au nom de la pauvreté et de la précarité", a-t-il ajouté face aux banderoles bleues de son parti et quelques drapeaux français de militants du Rassemblement national (RN).

Marine Le Pen a symboliquement "prêté" à ses alliés nationalistes l'hymne français de la Marseillaise, considérant que "le jour de gloire" des patries était "arrivé", dans un discours précédant celui de Matteo Salvini.

Références identitaires à la tribune

À une semaine du scrutin européen, le patron de la Ligue – qui est aussi vice-Premier ministre – a appelé les électeurs à se mobiliser en masse pour dépasser "la gauche" le 26   mai et tourner le dos au passé. "Le choix est entre le passé et l'avenir, entre la rue et les salons des milieux d'affaires", a-t-il lancé.

Vraie star de ce rassemblement d'une douzaine de partis de la droite nationaliste, Matteo Salvini a multiplié les références à la religion catholique et aux racines judéo-chrétiennes de l'Europe, brandissant un rosaire et invoquant la Vierge Marie.

"Une religion qui dit qu'une femme vaut moins qu'un homme ne pourra jamais faire la loi chez moi", a-t-il notamment lancé, sous les applaudissements de la foule. Marine Le Pen a, quant à elle, martelé   : "Nous voulons vivre en France comme des Français, en Italie comme des Italiens et plus largement en Europe comme des Européens".

La mission de réussir l'alliance de douze partis nationalistes et identitaires s'annonce cependant compliquée, étant donné les divergences de positions sur de nombreux points comme la discipline budgétaire ou la répartition des migrants déjà présents dans l'Union européenne.

Divergences et absence du FPÖ autrichien

Par ce rassemblement à Milan, Matteo Salvini et Marine Le Pen ont pour objectif de faire du groupe Europe des nations et des libertés   (ENL) – où siègent déjà la Ligue, le   RN, le   FPÖ autrichien ou le Vlaams Belang flamand – la troisième force du parlement européen, une place que convoitent aussi les libéraux de l'ALDE, où pourraient siéger les élus français rangés derrière le président Emmanuel Macron.

Mais si les extrêmes droites européennes partagent des points de vue en matière de sécurité et d’immigration, les divergences sont nombreuses comme, par exemple, sur le rapport à entretenir avec la Russie, Marine Le Pen et Matteo Salvini étant proches de Moscou alors que les partis nationalistes des anciens pays communistes y sont allergiques.

Par ailleurs, les fondements de cette alliance ont été secoués samedi, après la démission, suite à un scandale de corruption, du vice-chancelier autrichien Heinz-Christian Strache, chef de file de l'extrême droite (FPÖ) – l'un des poids lourds de l'ENL –, qui menace la coalition au pouvoir. L'eurodéputé Harald Vilimsky, tête de liste du FPÖ pour les européennes, a dû annuler son déplacement initialement prévu à Milan.

S elon les récents sondages, la Ligue est créditée de 26   eurodéputés, soit 20 de plus qu'actuellement, le   RN passant à 20   élus   (+5) et l'AfD à   11   (+10).

Avec AFP