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Les États-Unis ont demandé mercredi à leur personnel diplomatique non-essentiel de quitter l'Irak en raison de la menace que fait peser l'Iran sur son voisin, selon Washington.

L'escalade se poursuit. Le département d'État américain a ordonné, mercredi 15 mai, à son personnel diplomatique non-essentiel de quitter l'ambassade de Bagdad et le consulat d'Erbil, dans un contexte de tensions croissantes avec l'Iran voisin.

Washington a fait monter la pression sur Téhéran ces derniers jours, accusant la République islamique de préparer des "attaques" contre les intérêts américains au Moyen-Orient, et renforçant la présence militaire américaine dans le Golfe.

"Les services habituels de visa dans les deux postes sont temporairement suspendus", note le département d'État sur son site. "Le gouvernement américain a une capacité limitée pour fournir des services d'urgence aux citoyens américains en Irak."

Des "attaques régulières"

Le département d'État prévient également dans un avis déconseillant aux voyageurs de se rendre en Irak que "de nombreux groupes terroristes et rebelles sont actifs en Irak et attaquent régulièrement les forces de sécurité irakienne comme les civils". "Des milices confessionnelles anti-américaines peuvent également menacer les citoyens américains et les compagnies occidentales dans tout l'Irak."

Peu après la décision américaine, les armées allemande et néerlandaise ont annoncé avoir suspendu jusqu'à nouvel ordre leurs opérations de formation militaire en Irak. Berlin, qui déploie actuellement quelque 160 instructeurs sur place, a invoqué une "vigilance accrue", tandis que La Haye, qui dispose de 50 instructeurs, a évoqué des "menaces".

Alors que le guide suprême iranien Ali Khamenei avait assuré mardi qu'il "n'y aurait pas de guerre avec les États-Unis", le président Hassan Rohani a lui évoqué une "guerre économique" menée par Washington. "Cette période de l'histoire est la plus fatidique pour la Révolution islamique car l'ennemi a mis en jeu toutes ces capacités contre nous", a estimé le chef des Gardiens de la Révolution, Hossein Salami, leur promettant l'échec.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a jugé "inacceptable" jeudi matin à Tokyo "l'escalade de tensions provoquée par les États-Unis" à l'encontre de son pays. "Nous agissons avec le maximum de retenue", a-t-il ajouté, en référence à la réaction de son pays face à la décision du président américain Donald Trump de sortir les États-Unis de l'accord de 2015 censé empêcher Téhéran de fabriquer la bombe atomique. Le ministre iranien a assuré que son pays maintenait son "engagement" vis-à-vis de la communauté internationale dans le cadre de cet accord.

Le Kremlin inquiet

Le Kremlin s'est pour sa part dit inquiet de cette "escalade des tensions" qui "se poursuit", accusant Washington de "provoquer" Téhéran.

Washington avait fermé fin septembre son consulat à Bassora, en invoquant des "menaces" émanant de l'Iran après des manifestations meurtrières dans cette ville du sud de l'Irak. Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, avait évoqué "des incidents répétés de tirs indirects" et incriminé des milices contrôlées par l'Iran.

La semaine dernière, le Pentagone a annoncé l'envoi dans la région d'un navire de guerre et d'une batterie de missiles Patriot, s'ajoutant au déploiement du porte-avions USS Abraham Lincoln et de bombardiers B-52. Il a justifié ce déploiement par des "signaux clairs montrant que les forces iraniennes et leurs affidés font des préparatifs à une attaque possible contre les forces américaines".

Selon le New York Times, le ministre américain de la Défense par intérim, Patrick Shanahan, a présenté à des conseillers de Donald Trump un plan selon lequel jusqu'à 120 000 hommes pourraient être envoyés au Moyen-Orient si l'Iran attaquait des forces américaines – une rumeur démentie par Mike Pompeo.

Avec AFP