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Au Soudan, l'armée suspend les discussions sur la transition politique

Après un accord conclu entre l'armée et les contestataires au Soudan, le Conseil militaire au pouvoir a annoncé mercredi suspendre le dialogue pendant 72 heures, jusqu'au démantèlement des nouveaux barrages routiers érigés à Khartoum.

Les généraux perdent patience. Le Conseil militaire au pouvoir au Soudan a suspendu, dans la soirée de mercredi 15 mai, les discussions sur la transition politique jusqu'au démantèlement des barrages routiers érigés par les manifestants hors du lieu du principal sit-in à Khartoum, alors qu'au moins neuf personnes ont été blessées par des tirs à balles réelles des forces de sécurité qui tentaient de disperser des protestataires dans la capitale soudanaise.

"Nous avons décidé de suspendre les discussions pendant 72 heures pour préparer le terrain" à la conclusion d'un accord sur la transition, a déclaré le général Abdel Fattah al-Burhane dans un discours à la nation retransmis par la télévision publique. Il a souhaité, pendant cette période de 72 heures, une levée des barricades à Khartoum, la réouverture d'une ligne de chemin de fer reliant la capitale au reste du pays qui a été fermée, selon lui, par les manifestants et la fin des provocations des manifestants à l'égard des forces de l'ordre.

Le chef du Conseil militaire a justifié la suspension des discussions par la dégradation de la situation de la sécurité à Khartoum. Cette dégradation a pris la forme, selon lui, d'"une escalade verbale" contre les forces armées, de la fermeture de ponts et de rues, d'une ligne de chemin de fer, du désordre dans la capitale et de l'"infiltration parmi les manifestants d'éléments armés responsables de tirs contre les forces de l'ordre".

Un journaliste de Reuters et des témoins ont rapporté que des soldats, à bord de véhicules siglés du logo du groupe paramilitaire de la Force de soutien rapide (RSF), ont lourdement fait feu près du siège du ministère des Affaires étrangères, dans le centre de Khartoum, afin de disperser des manifestants.

Des derniers points à négocier

Le RSF a nié avoir ouvert le feu contre les manifestants, a rapporté la télévision publique. Le général Burhane a défendu, dans son adresse, les unités controversées de la Force de soutien rapide (RSF) accusées d'interventions musclées contre les manifestants qui ont fait neuf blessés mercredi et six tués - cinq civils et un militaire - lundi soir. "La RSF a joué un rôle de premier plan en temps de guerre et de paix et a pris la défense du peuple et contribué au succès de sa révolution", a-t-il affirmé.

"Nous tenons l'armée pour responsable des attaques contre les civils", a pour sa part déclaré à Reuters un porte-parole de l'Association des professionnels soudanais, cheville ouvrière de la contestation. "Ils utilisent les mêmes méthodes que le précédent régime face aux rebelles", a ajouté Amjad Farid.

Le Conseil et l'ALC étaient supposés négocier mercredi soir les derniers points d'un accord sur les institutions de la période de transition, à savoir la composition d'un Conseil souverain. Cet organisme, un cabinet et une assemblée législative devaient préparer le pays, sur une période de transition de trois ans, à un transfert du pouvoir aux civils.

Avec AFP et Reuters