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Berlusconi pousse à la démission un patron de journal catholique

Le directeur du journal des évêques Avvenire, Dino Boffo, qui critiquait dans des éditoriaux le comportement de Silvio Berlusconi, a démissionné après les attaques répétées d'un quotidien appartenant au frère du président du Conseil.

AFP - Le directeur du journal des évêques italiens Avvenire, Dino Boffo, qui avait critiqué dans des éditoriaux le comportement du chef du gouvernement Silvio Berlusconi, a démissionné jeudi, sous le coup d'attaques répétées d'un quotidien de la famille Berlusconi.

Dans une lettre au chef de la Conférence épiscopale italienne le cardinal Angelo Bagnasco, M. Boffo a présenté sa démission "de manière irrévocable" et à "effet immédiat" du quotidien Avvenire ainsi que de la radio Inblu et de la chaîne de télévision des évêques Tv2000.

Le cardinal Bagnasco a pris acte "avec regret" de cette décision en renouvelant toutefois son soutien à M. Boffo, "victime d'une attaque médiatique inqualifiable", a-t-il dit. Le Vatican n'a pas fait de commentaires. Le père Federico Lombardi, porte-parole du pape Benoît XVI, a déclaré à l'agence Ansa que "tout est entre les mains de la Conférence épiscopale".

"Ma vie, celle de ma famille, mes rédactions ont été violées avec une volonté de désacralisation dont je n'imaginais pas qu'elle puisse exister", a souligné M. Boffo dans sa lettre. Il s'est dit victime d'un "montage colossal, romancé et mis au point de manière diabolique".

Il Giornale, propriété du frère de Berlusconi, Paolo, s'était fait l'écho vendredi dernier en première page d'une affaire judiciaire dans laquelle M. Boffo aurait fait pression sur l'épouse d'un homme avec lequel il aurait eu une relation. Dans un éditorial, le directeur du quotidien estimait que M. Boffo n'était pas en droit de donner des leçons de morale au chef du gouvernement en n'étant pas lui-même irréprochable.

Avvenire avait critiqué dans des éditoriaux signés de M. Boffo l'attitude de Silvio Berlusconi, l'appelant à davantage de "sobriété" et dénonçant sa "faiblesse déclarée pour la jeunesse des actrices en fleur", en référence à une série de scandales ces derniers mois. Ce journal, aux positions conservatrices, s'était aussi fait l'écho de lettres de lecteurs outrés par le comportement du chef du gouvernement.

Silvio Berlusconi s'était officiellement dissocié des attaques du journal de son frère contre Avvenire, affirmant dans un communiqué que "le respect de la vie privée était sacré".

Selon la presse italienne de samedi, ces tensions avaient été à l'origine de l'annulation par le Vatican d'une rencontre prévue vendredi soir entre Silvio Berlusconi et le bras droit de Benoît XVI, Tarcisio Bertone, à L'Aquila, théâtre d'un séisme meurtrier en avril.

Silvio Berlusconi est empêtré depuis début mai dans l'affaire Noemi, une jeune fille que le président du Conseil italien aurait fréquentée alors qu'elle était mineure. Cette affaire lui a valu une demande de divorce de la part de son épouse Veronica Lario.

Une seconde affaire est venue se greffer en juin, celle d'une escort girl qui a participé à des soirées animées, en présence d'autres jeunes femmes, dans la résidence privée de Silvio Berlusconi et qui affirme y avoir passé la nuit.