Des tirs de roquettes en provenance de la Bande de Gaza ont coûté la vie dimanche à un Israélien, tandis que six Palestiniens ont été tués lors de raids de Tsahal dans l'enclave palestinienne, où des violences se poursuivent depuis vendredi.
Un Israélien a été tué, dimanche 5 mai, par une roquette tirée depuis Gaza vers l'État hébreu, visé depuis samedi par des centaines de roquettes et dont les dizaines de raids menés en représailles ont fait six morts palestiniens. Alors que la communauté internationale appelle au calme, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a indiqué dimanche avoir ordonné à l'armée israélienne de poursuivre ses "frappes massives" contre "les éléments terroristes de la bande de Gaza".
Cette nouvelle flambée de violence a débuté vendredi quand un membre du Jihad islamique, allié du Hamas à Gaza, a blessé deux militaires israéliens en bordure de la bande de Gaza, selon leur état-major.
Une frappe de représailles a ensuite fait deux morts dans les rangs du Hamas, qui a à son tour répliqué, avec le Jihad islamique, en tirant depuis samedi matin plus de 400 roquettes en direction du territoire israélien. Il s'agit d'un des plus importants nombre de roquettes tirées en deux jours sur Israël dans les violences des dernières années entre les groupes armés palestiniens et Israël.
Plusieurs dizaines de tirs palestiniens ont été interceptés par le système de défense antimissiles, a indiqué l'armée israélienne, précisant que 70 % des roquettes étaient tombées sur des zones inhabitées.
Mais certaines parviennent à causer des dégâts. Moshe Agadi, un Israélien de 58 ans, est mort dans la nuit de samedi à dimanche à Ashkelon après qu'une roquette tirée depuis l'enclave palestinienne, toute proche, a touché sa maison, selon des médias israéliens. Il est décédé de ses blessures après avoir été transféré à l'hôpital, a précisé la police.
Une Israélienne de 80 ans a, elle, été grièvement touchée par des éclats à Kyriat Gat, à 20 km de Gaza, et un Israélien de 50 ans a été blessé à Ashkelon, selon la police.
Un bébé et sa mère enceinte tués
Dans les dizaines de raids israéliens de représailles, quatre Palestiniens ont été tués samedi et 40 blessés, selon le ministère de la Santé relevant du Hamas. Parmi eux, une fillette de 14 mois et sa mère enceinte ont péri lors d'un raid qui a touché leur maison à Gaza, selon cette source et des proches. Une sœur de la fillette a été grièvement blessée.
"Nous étions en train de déjeuner lorsque la maison a été bombardée par un avion israélien. Saba (le bébé) a été tuée sur le coup", a assuré à l'AFP Abou Mohamed Abou Arar, un proche. "Falastine Abou Arar, âgée de 37 ans et enceinte, a succombé à ses blessures à la tête", selon le ministère gazaoui.
L'armée israélienne a contesté cette version des faits. "La propagande des organisations terroristes dans toute sa splendeur", a dénoncé pour sa part le porte-parole de l'armée israélienne, Ronen Manelis, sur Twitter. "La mère et la fille dont ils affirment qu'elles sont mortes dans une attaque israélienne ont été tuées du fait d'armes utilisées par le Hamas", a-t-il ajouté, sans fournir davantage de précisions.
Deux combattants du Jihad islamique sont également morts dimanche dans un raid israélien mené sur la bande de Gaza, a annoncé le groupe armé palestinien.
Le Jihad islamique a revendiqué le lancement d'une partie des roquettes et s'est dit prêt à poursuivre les tirs. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, la branche armée du groupe a menacé d'attaquer plusieurs sites israéliens stratégiques, notamment l'aéroport international Ben Gourion près de Tel-Aviv.
L'aviation israélienne a ciblé 120 positions du Hamas et du Jihad islamique, dont de nombreuses bases et un tunnel du Jihad islamique destiné à mener des attaques en territoire israélien, selon des sources militaires.
L'armée israélienne a détruit deux bâtiments de plusieurs étages dans la ville de Gaza, ont indiqué des résidents. L'armée a indiqué que l'un d'entre eux abritait les services de renseignements militaires et les services de sécurité généraux du Hamas.
Des résidents du quartier ont affirmé que l'immeuble de plusieurs étages abritait les locaux de l'agence de presse étatique turque Anadolu, une information confirmée par la Turquie, qui a "condamné fermement" le raid et dénoncé une "agressivité sans bornes". Selon Anadolu, le personnel de l'agence a évacué l'immeuble peu avant la frappe qui avait été précédée d'un tir d'avertissement. Aucun journaliste n'a été blessé.
Dans ce contexte d'escalade, Israël a annoncé la fermeture des points de passage avec Gaza et des zones de pêche de l'enclave palestinienne.
Le contexte pourrait pousser Israël à calmer le jeu
Selon une source du Jihad islamique, l'Égypte, qui joue l'intermédiaire entre le Hamas et Israël, tente une médiation pour calmer la situation, alors que le mois sacré du jeûne musulman du ramadan commence dans les jours à venir.
À Bruxelles, l'Union européenne a appelé à l'"arrêt immédiat" des tirs de roquettes palestiniennes, ajoutant soutenir "les efforts déployés par l'Égypte et l'ONU pour calmer la situation". L'émissaire de l'ONU chargé du conflit israélo-palestinien, Nickolay Mladenov a appelé "toutes les parties à calmer la situation et à revenir aux ententes de ces derniers mois". Washington a de son côté dit soutenir le "droit" d'Israël "à l'autodéfense".
Israël et son ennemi juré le Hamas se sont livrés trois guerres depuis 2008 et les accrochages transfrontaliers sont fréquents, mais la bande de Gaza n'a pas connu de réel conflit armé depuis 2014.
Un cessez-le-feu, annoncé par le Hamas, avait été négocié fin mars sous l'égide de l'Égypte et de l'ONU, permettant un rétablissement du calme pendant les législatives israéliennes du 9 avril.
Benjamin Netanyahu, lui, ne semble pas vouloir calmer le jeu. Le Premier ministre israélien a ordonné à l'armée, dimanche, "de continuer ses frappes massives contre les éléments terroristes de la bande de Gaza" et a demandé "l'envoi de renforts de chars, d'artillerie et d'infanterie autour de la bande de Gaza".
Depuis mars 2018, des manifestations ont régulièrement lieu le long de la frontière séparant Gaza d'Israël pour protester notamment contre le blocus imposé depuis plus d'une décennie par Israël à l'enclave palestinienne.
Au moins 271 Palestiniens ont été tués depuis cette date, au cours des manifestations ou dans des frappes israéliennes menées en représailles à des actes hostiles en provenance de Gaza. Deux soldats israéliens ont été tués. Israël accuse le Hamas d'orchestrer ces manifestations et soutient que les soldats ne font que protéger la frontière.
Avec AFP et Reuters