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Alors que Gordon Brown tente toujours de convaincre que la libération d'Abdelbaset al-Megrahi ne relève que de critères humanitaires, le Parlement écossais a rejeté une motion de soutien à la décision du gouvernement local, semi-autonome.

AFP - Le gouvernement britannique a démenti mercredi que la libération par l'Ecosse du Libyen condamné pour l'attentat de Lockerbie avait été motivée par des intérêts pétroliers, reconnaissant cependant qu'il ne voulait pas qu'Abdelbaset al-Megrahi meure en prison.

"Il n'y a pas eu de conspiration, de camouflage, de double jeu, d'accord sur le pétrole, de tentative d'influencer les ministres écossais", a déclaré Gordon Brown au cours d'une conférence à Birmingham (centre).

La remise en liberté de Megrahi était dans "les intérêts nationaux du Royaume-Uni", a-t-il expliqué, citant les décisions de Tripoli de mettre un terme à son programme d'armes de destruction massive et de coopérer dans la lutte contre le terrorisme.

"Ce sont ces questions (qui ont joué, ndlr) et non le pétrole ou les intérêts commerciaux", a asséné le dirigeant travailliste. La libération de Megrahi "n'a jamais eu aucun lien avec autre chose", a-t-il affirmé. "Notre intérêt a toujours été de renforcer la coalition contre le terrorisme international", a-t-il dit.

Soulignant cependant que la libération de Megrahi était "du seul ressort" de l'Ecosse, indépendante de Londres en matière de justice, M. Brown a estimé qu'il aurait été inopportun pour le gouvernement britannique "d'intervenir".

De son côté, le gouvernement semi-autonome écossais a essuyé un revers au cours d'un vote organisé mercredi après-midi au Parlement d'Edimbourg, sur une motion appelant à soutenir la décision du ministre de la Justice: 70 députés ont voté contre et seulement 50 pour.

Ce vote constitue un camouflet pour le parti majoritaire au Parlement, le SNP (Scottish National party, indépendantistes) d'Alex Salmond, même s'il ne s'agissait pas d'une motion de défiance contre l'exécutif en place.

Abdelbaset al-Megrahi avait été condamné en 2001 à la prison à vie pour l'attentat contre un avion de la compagnie américaine Pan Am au-dessus du village écossais de Lockerbie en 1988 causant la mort de 270 personnes.

Sa libération pour des raisons médicales par l'Ecosse le 20 août a soulevé une vive controverse, en particulier aux Etats-Unis d'où sont originaires la majorité des 270 victimes. L'accueil triomphal qu'il avait reçu à Tripoli a encore jeté de l'huile sur le feu.

Dimanche, le Sunday Times avait affirmé que Londres avait suggéré d'inclure le Libyen dans un accord de transfèrement de prisonniers avec Tripoli en échange d'un contrat pétrolier entre la compagnie britannique BP et la Libye, d'un montant potentiel de 15 milliards de livres.

L'accord de transfèrement n'a finalement pas servi dans le cas de Megrahi, qui a en fait été libéré pour des raisons médicales. Le Libyen, qui souffre d'un cancer en phase terminale, a été admis en soins intensifs dans un hôpital de Tripoli, selon un responsable libyen.

Mercredi matin, le secrétaire au Foreign Office, David Miliband, avait déjà démenti tout accord sur le renvoi de Megrahi en échange d'un contrat pétrolier. "A aucun stade, nous n'avons eu l'intention de dire que nous pouvions offrir le genre d'entente qui est invoquée car la libération de Megrahi n'était pas de notre ressort", a-t-il assuré sur la BBC.

M. Miliband a en revanche admis que Londres "ne voulait pas" que Megrahi "meure en prison", confirmant des déclarations du ministre libyen chargé de l'Europe et négociateur dans l'affaire Megrahi, Abelaati al-Obeidi, contenues dans une note de mars publiée mardi par l'Ecosse.

Ce dernier a confirmé mercredi soir, dans un entretien au Guardian, les déclarations de Gordon Brown, affirmant que "les accords commerciaux n'étaient pas du tout dans les discussions" et que "la santé de Megrahi a toujours été la question centrale" pendant les dix mois de négociations sur le sort du Libyen.