
Des heurts ont opposé mercredi des partisans de l'opposant vénézuélien Juan Guaido et les forces de l'ordre à Caracas, en marge des rassemblements du 1er-Mai. La veille, une tentative de soulèvement de militaires contre Maduro avait échoué.
Des milliers de Vénézuéliens sont descendus dans la rue mercredi 1er mai à l'appel du chef de file de l'opposition vénézuélienne, Juan Guaido , qui avait invité la population à participer à la "plus grande marche" de l'histoire du Venezuela dans le but de faire chuter Nicolas Maduro .
Juan Guaido a déclaré sur Twitter que des "millions de Vénézuéliens" étaient dans les rues pour "la phase finale" de son projet de renversement du président en exercice.
#1M 397 manifestaciones en toda Venezuela, 97 puntos de concentración, 23 de ellos brutalmente reprimidos, arrojando 32 detenidos y 25 heridos.
Estamos ante un régimen que perdió el control. Mientras más somos en las calles, más cerca estamos.#VamosConTodo pic.twitter.com/jGzK7oENR3
Mais en fin d'après-midi, de nombreux manifestants à Caracas sont retournés à leur domicile. Les forces de la Garde nationale ont procédé à des tirs de gaz lacrymogènes sur un groupe de manifestants qui était resté dans la rue.
Une manifestante tuée
Des organisations locales de défense des droits de l'Homme ont indiqué qu'une femme de 27 ans était morte lors d'une intervention chirurgicale, après avoir été blessée par balle à la tête pendant une manifestation dans la capitale. Juan Guaido a confirmé sur Twitter qu'une femme avait été tuée par balle. "Je m'engage à faire en sorte que ceux qui ont voulu tirer contre un peuple qui a décidé d'être libre se repentent de la mort [de la manifestante]. Tout cela doit s'arrêter", a-t-il réagi sur Twitter avant d'appeler à la grève et à la poursuite des manifestations.
Les services sanitaires du quartier de Chacao à Caracas, contrôlé par l'opposition, ont par ailleurs fait état de 46 blessés, dont deux par arme à feu, dans de nouvelles échauffourées entre forces de l'ordre et manifestants, en marge d'un défilé des partisans de Juan Guaido dans la capitale. La veille, des affrontements avaient déjà fait au moins un mort et des dizaines de blessés, selon le gouvernement et l'opposition.
Si un retour au calme relatif a été constaté en fin de journée, Juan Guaido a appelé les Vénézuéliens à ne pas relâcher la pression. "Nous devons rester dans les rues", a-t-il lancé mercredi à une foule de partisans réunis dans l'est de Caracas.
Lors d'un déplacement devant une base aérienne de la capitale, il a affirmé que Nicolas Maduro ne disposait plus du soutien de l'armée et a demandé aux soldats de "poursuivre" les efforts destinés à le chasser du pouvoir.
Rien n'indique cependant pour l'heure que les généraux aient changé de camp. Et Nicolas Maduro est apparu mardi soir à la télévision publique aux côtés notamment du ministre de la Défense, Vladimir Padrino. "Leur plan a échoué, leur appel a échoué, parce que le Venezuela veut la paix", a déclaré le chef de l'État.
"Guerre de l'information"
Juan Guaido se heurte à un mur depuis qu'il a été reconnu en janvier comme président légitime du Venezuela par la plupart des pays occidentaux, États-Unis en tête, et par plusieurs voisins du Venezuela, comme le Brésil et la Colombie.
Outre l'armée, Nicolas Maduro peut compter sur le soutien de la Russie, de la Chine, de Cuba ou de la Turquie. Moscou a démenti mercredi être intervenu pour dissuader le président vénézuélien de quitter son pays à destination de La Havane, comme l'avait affirmé mardi le secrétaire d'État américain Mike Pompeo sur CNN.
Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a accusé Washington de mener une "guerre de l'information". Avant l'intervention de Mike Pompeo, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison blanche John Bolton avait assuré que trois des principaux membres du régime Maduro – le ministre de la Défense, le chef de la Garde nationale et le président de la Cour suprême – avaient entamé des discussions avec l'opposition et qu'ils étaient prêts à soutenir une alternance pacifique du pouvoir.
Le ministre de la Défense, Vladimir Padrino, a pourtant réaffirmé son soutien à Nicolas Maduro en apparaissant à ses côtés à la télévision. Il a promis que l'armée allait continuer à défendre la Constitution et les "autorités légitimes". Nicolas Maduro a appelé ses partisans à descendre en masse dans la rue mercredi contre les "agressions et tentatives de coup d'État sans précédent dans l'histoire" du Venezuela.
Avec AFP et Reuters