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Huitième vendredi de mobilisation en Algérie, mais premier depuis l'annonce d'une présidentielle le 4 juillet. Les contestataires veulent le départ d'Abdelkader Bensalah, désigné pour assurer l'interim.

Les contestataires craignent que le scrutin présidentiel annoncé soit frauduleux et ne serve qu'à conforter le pouvoir intérimaire dont ils réclament le départ. En Algérie, pour ce premier vendredi de mobilisation après que la date du 4 juillet a été fixée pour la présidentielle, ils veulent mobiliser massivement.

Sur les réseaux sociaux, où est née la contestation qui a abouti à la démission d'Abdelaziz Bouteflika, les appels à manifester continuent d'être relayés pour la huitième semaine consécutive, notamment sous le mot clé "Ils partiront tous".

"Ce vendredi, on va leur montrer ce que ça veut dire 'dégage !' ", explique Walid, 21 ans, manifestant jeudi avec quelques centaines d'autres personnes à proximité de la Grande Poste, épicentre de la contestation dans le centre d'Alger.

"Je n'irai pas voter. Pour quoi faire ?", affirme le jeune homme.

La présidentielle a été fixée au 4 juillet par le tout nouveau chef de l'État par intérim, Abdelkader Bensalah, 77 ans, figure de l'appareil mis en place par Bouteflika.

Pour la première fois depuis le début de la contestation, qui s'est déroulée dans le calme et sans incident ces dernières semaines, un cordon de véhicules et de policiers interdit l'accès au parvis devant la Grande Poste, bâtiment néo-mauresque emblématique d'Alger.

Cela n'empêche pas les manifestants de scander "Algérie libre et démocratique" et "Bensalah, dégage !".

Désigné par la Constitution pour assurer l'intérim, cet apparatchik est devenu la cible des slogans qui visaient initialement Bouteflika, président malade dont il était ces dernières années la "doublure" officielle, en Algérie et à l'étranger.

Chaque camp reste sur ses positions

Pour les protestataires, cette présidentielle organisée en trois mois ne peut être libre et équitable, car elle serait organisée dans un cadre juridique et par des institutions et des personnalités hérités des vingt ans de pouvoir de Bouteflika, marqués par des scrutins frauduleux selon l'opposition.

Le pouvoir, lui, veut rester dans le cadre prévu par la Constitution : une présidentielle sous quatre-vingt dix jours.

Chaque camp reste sur ses positions. Bensalah a reçu le soutien implicite de l'armée, revenue au centre du jeu politique algérien depuis que son chef d'état-major, le général Ahmed Gaïd Salah, a lâché Bouteflika rendant inéluctable sa démission.

Le général Gaïd Salah a dénoncé des "slogans irréalistes", en allusion aux appels au départ de tous les acteurs du "système" au pouvoir. Il a estimé "irraisonnable" une transition hors du cadre institutionnel actuel, et promis aux manifestants que l'armée garantirait "la transparence et l'intégrité" du scrutin.

Le pouvoir va scruter attentivement la mobilisation dans l'espoir d'un affaiblissement. Si des millions d'Algériens envahissent à nouveau les rues du pays comme les semaines précédentes, comment imaginer qu'ils se rendront aux urnes dans trois mois   ? Et s'ils s'abstiennent, de quelle légitimité bénéficiera le nouveau président   ?

L'attitude des forces de sécurité sera également scrutée vendredi, alors que mardi la police a pour la première fois depuis le 22   février tenté de disperser une manifestation pacifique d'étudiants à Alger et qu'elle a empêché jeudi tout rassemblement devant la Grande Poste.

Avec AFP