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À Hong Kong, des militants du "Mouvement des parapluies" reconnus coupables

Des figures du "Mouvement des parapluies" à Hong Kong ont été reconnues coupables mardi de "conspiration en vue de commettre un trouble à l'ordre public" pour leur participation aux manifestations réclamant des réformes.

À Hong Kong, des figures du mouvement prodémocratie ont tous été reconnues coupables, mardi 9   avril, de "conspiration en vue de commettre un trouble à l'ordre public". Les militants sont accusés d'avoir participé aux manifestations de la "révolte des parapluies" de l'automne   2014, qui réclamaient des réformes politiques, en vain.

Leur procès a été dénoncé par les défenseurs des droits de l'homme, qui s'inquiètent des restrictions de libertés dans la mégapole revenue en 1997 dans le giron de la Chine, et confrontée à l'emprise de plus en plus affirmée de cette dernière.

Chaque prévenu encourt jusqu'à sept   ans de prison. Parmi eux, trois vétérans du mouvement et six co-prévenus. Chan Kin-man, 60   ans, professeur de sociologie, Benny Tai, 54   ans, professeur de droit et Chu Yiu-ming, 75   ans, pasteur baptiste, fondateurs en 2013 du mouvement "Occupy   Central", sont les plus connus.

L'objectif "d'Occupy" était de bloquer le quartier d'affaires de Hong Kong si un suffrage universel libre n'était pas instauré pour élire le président du gouvernement local, lequel est désigné par un comité pro-Pékin.

"Continuer à lutter pour la démocratie à Hong Kong"

"Peu importe ce qu'il se passe aujourd'hui, je suis sûr que beaucoup de gens vont se rassembler et continuer à lutter pour la démocratie à Hong Kong. Nous allons persévérer, nous n'allons pas jeter l'éponge", a déclaré Benny Tai devant une foule de partisans et de journalistes.

"Je crois toujours au pouvoir de l'amour et de la paix. Je n'ai aucun regret pour ce que j'ai fait", a ajouté Chan Kin-man.

Pour les défenseurs des droits humains, Amnesty International et Human Rights Watch en tête, c'est un procès politique. L'utilisation de chefs d'accusation mal définis sur les troubles à l'ordre publics menace la liberté d'expression dans l'ex-colonie britannique revenue en 1997 sous tutelle chinoise, préviennent-ils.

"Etouffer le débat"

"Si l'accusation parvenait à ses fins, il existerait un réel danger de voir de plus en plus de gens être poursuivis pour militantisme pacifique. Les autorités semblent déterminées à tenter d'étouffer tout débat sur les sujets sensibles à Hong Kong, surtout ceux ayant trait à la démocratie et à l'autonomie", s'inquiète Man-kei Tam, directeur d'Amnesty Hong Kong.

Le juge Johnny Chan a démenti. Selon lui, sa décision n'aurait aucune répercussion sur le droit à manifester des Hongkongais. "On ne peut raisonnablement dire qu'un chef de conspiration en vue de commette un trouble à l'ordre public aurait un effet glaçant sur la société".

En vertu du principe "Un pays, deux systèmes" qui a présidé à sa rétrocession, Hong Kong jouit sur le papier de droits inconnus dans le reste de la Chine, dont la liberté d'expression.

Mais nombreux sont ceux qui perçoivent une emprise de plus en plus marquée du gouvernement chinois central sur les affaires hongkongaises, et un recul des libertés.

Au procès à l'automne, l'accusation avait argué que les manifestations de masse avaient "causé du tort aux habitants" touchés par le blocage des voies de circulation, ajoutant que les chefs du mouvement méritaient d'être punis.

Avec AFP et Reuters