logo

Joe Bertony, l'espion français et ingénieur de l'opéra de Sydney, est décédé

Ingénieur, espion, mathématicien… Joe Bertony, le Corse aux mille vies, s'est éteint dimanche 7 avril, dans sa maison de Hornsby, près de Sydney, à l'âge de 97 ans.

Joe Bertony, l'ingénieur à l'origine des immenses arches de l'opéra de Sydney, est décédé dimanche 7   avril, à l'âge de 97   ans. Au-delà de cette prouesse architecturale, ce Corse de naissance a eu plusieurs vies avant de contribuer au plus célèbre monument australien.

Né en 1922 en Corse, Joe Bertony présente très jeune un fort intérêt pour les mathématiques. Dans sa jeunesse, il intègre la marine française pour étudier le génie maritime à Saint-Tropez, puis sera finalement recruté comme espion français. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il opère donc comme agent français, ce qui lui vaudra d'être arrêté deux fois par la Gestapo. Mais durant ses déportations vers les camps de concentration, il parviendra à s'échapper à chaque reprise, dont une fois en sautant du train en marche, sans vêtements ni nourriture. À la fin de la guerre, il fut décoré de la Croix de guerre par le Général de Gaulle.

Après un court passage en Europe, Joe Bertony s'envole pour l'Australie en 1953. Alors ingénieur dans le Queensland, il est appelé par l'architecte australien Manuel Hornibrook pour aider aux travaux du plus grand chantier de l'époque   : le célèbre opéra de Sydney. Sous la direction d'Hornibrook, en charge du chantier, Joe Bertony rédige à la main pas moins de 30   000 équations mathématiques afin que le toit de l'immense bâtiment tienne en place. Manuel Hornibrook tient tout de même à vérifier les calculs du mathématicien, et confie cette tâche à David Evans, un de ses jeunes collègues. Pour cela, il se sert alors du seul ordinateur de l'époque capable de vérifier lesdits calculs, l'IBM   7090 qui appartient au Centre de recherche pour la défense du pays. Résultat   : chacune des équations de Joe Bertony est correcte. Et le bâtiment voit le jour en 1973, après 16 années de construction.

Derrière le mathématicien, l'espion, le pilier de l'opéra de Sydney, il y avait également un homme tout simplement "amoureux de la gastronomie française et du bon vin", nous raconte Helen Pitt, auteure de "The House: the dramatic story of the Sydney Opera" et journaliste pour le Sydney Morning Herald. "Il était passionné de voitures allemandes. Il s'était acheté une BMW électrique et a roulé dans Sydney jusqu'à ses 97 ans   !", se souvient l'autrice. Avant de mourir, il a fait don de ses calculs au Musée des arts appliqués et de la technologie de Sydney . "Il n'a pas eu d'enfant, mais était un mentor pour de nombreuses personnes", conclut Helen Pitt. "Il sera sincèrement regretté."