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Des manifestants soudanais repoussés par les forces de l'ordre à Khartoum

Alors que des milliers de manifestants soudanais appellent les militaires à les soutenir dans leur opposition au président Béchir, les forces de l'ordre ont fait usage, lundi, de gaz lacrimogène à proximité du QG de l'armée à Khartoum.

Dès lundi 8 avril au matin, des milliers de manifestants réclamant la démission du président soudanais, Omar el-Béchir, ont été dispersés, à proximité du quartier général de l'armée à Khartoum. La police anti-émeute avait pris position plus tôt et avait procédé à des tirs de gaz lacrymogènes pour disperser le rassemblement.

"Les forces de sécurité du régime tentent de disperser le sit-in par la force", a indiqué l'Alliance pour le changement et la liberté dans un communiqué.

Les militaires, quant à eux, ont installé des barricades dans plusieurs rues à proximité du QG de l'armée afin d'empêcher des véhicules de s'approcher, selon des témoins. Depuis samedi, les protestataires sont réunis par milliers devant ce complexe et un grand nombre d'entre eux ont dormi sur place. Scandant des slogans anti-gouvernementaux, ils ont appelé l'armée à les soutenir.

Depuis l'éclatement de la contestation au Soudan le 19 décembre, l'armée ne s'est pas immiscée dans la répression des manifestants, menée par le puissant service de renseignement (NISS) et les forces de police.

"Quand l'armée est là, nous n'avons pas peur", ont crié les manifestants, en faisant le V de la victoire.

Les organisateurs appellent l'armée à "protéger le peuple"

Plus tard dans la matinée, l’alliance de partis d'opposition et de professionnels soudanais a appelé l'armée à protéger les manifestants du NISS et de la police.

"Nous souhaitons que vous, jeunes officiers et soldats, vous engagiez à remplir le rôle d'une armée nationale, qui est de protéger le peuple", a précisé l'Alliance dans son communiqué.

Selon Sarah Abdel-Jaleel, une porte-parole de l'Association des professionnels soudanais, un groupe de syndicats professionnels indépendant, quatre manifestants avaient été tués dans la capitale Khartoum et un autre dans la ville voisine d'Omdurman ce week-end.

Depuis le début du mouvement, 32 personnes sont décédées, selon les autorités. L'ONG Human Rights Watch a évoqué le chiffre d'au moins 51 morts, sans mettre à jour le nombre de victimes depuis quelques semaines.

Un pays en proie à une crise économique

Déclenchées par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, les manifestations se sont rapidement transformées en mouvement de contestation contre Omar el-Béchir, à la tête du pays depuis 30 ans.

En raison de l'état d'urgence, la mobilisation avait nettement baissé ces dernières semaines.

Les opposants au gouvernement avaient appelé à manifester pour la journée de samedi, dont la date n'avait pas été laissée au hasard puisqu'elle marque l'anniversaire de la révolte du 6 avril 1985, qui avait permis de renverser le régime du président Jaafar al-Nimeiri.

Avec AFP