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Européennes 2019 : les élections de la dernière chance ?

, rédactrice en chef Europe – Cohésion menacée, percée des eurosceptiques... Le 26 mai se tient un scrutin particulièrement chargé en incertitudes et périls pour l'Union européenne. France 24 est au rendez-vous pour vous intéresser à tous ses enjeux.

L’année 2019 sera-t-elle un bon cru pour les élections européennes  ? Intronisé en 2014, le patron de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avait déclaré diriger la "Commission de la dernière chance" : un exécutif censé obtenir des résultats concrets avec une direction plus "politique". Cinq ans plus tard, le 26 mai, d’aucuns prédisent des "élections de la dernière chance".

L’Europe serait ainsi au pied du mur et sa cohésion menacée par la percée de partis nationalistes, populistes ou eurosceptiques. On a constaté, ces dernières années, leur progression dans les scrutins nationaux : l’extrême droite a accédé au pouvoir dans au moins six pays. En Italie, où le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini éclipse ses partenaires de coalition repoussant les navires de réfugiés en Méditerranée. En Autriche, où le FPÖ impose son agenda anti-migrants aux conservateurs.

Ces partis sont également en soutien du gouvernement en Bulgarie, en Finlande, en Grèce, et en Slovaquie… Tous d’accord pour repousser les étrangers plus loin et empêcher toute solution solidaire de la crise migratoire.

Atmosphère de fin de règne ?

Que dire des deux pays suivis à la loupe par Bruxelles pour leurs infractions répétées à l’État de droit ? La Pologne et la Hongrie, où des partis conservateurs-nationalistes tiennent le haut de l’affiche, avec une rhétorique qui rejoint la droite la plus extrême. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, "suspendu" de son parti de centre-droit, le PPE, s’est déclaré favorable à une "démocratie illibérale" et se veut chef de file des rebelles de l’Est.

Du côté de l’extrême-gauche, la cible n’est pas la solidarité mais les accords commerciaux et les politiques européennes jugés ultra-libéraux : et pour cause, mathématiquement, les deux tiers des leaders européens sont classés au centre ou à droite.

Eurosceptiques au cœur des institutions ?

Alors oui, si on fait les comptes, sur les 705 sièges attribués aux eurodéputés de 27 pays (suite du départ du Royaume-Uni), beaucoup risquent d’être occupés par des eurosceptiques : un quart au moins. Est-ce assez pour bloquer la machine communautaire ? Le Parlement européen devra composer une majorité non plus seulement avec les deux grands partis traditionnels (Parti Populaire européen à droite, socialistes et démocrates à gauche), mais sans doute avec un troisième soutien, voire des majorités à la carte.

Sauf que la Commission européenne va, elle aussi, changer de visage, les pays étant censés nommer de nouveaux commissaires à leur goût – y compris bon nombre de populistes de plus en plus décomplexés : la méthode "consensuelle", de mise pour faire avancer les dossiers, risque d’en prendre un coup !

Les extrêmes ne cherchent plus la sortie

Ce vote est surtout marqué par des incertitudes sans précédents. Les europhiles se sont réjouis un peu trop tôt du mauvais exemple du Brexit, qui dissuade désormais les souverainistes de se réclamer de l’"exit" : finie la revendication du 'Frexit', 'Öxit', 'Italexit' et autre 'Hongrexit', sauf pour une poignée de marginaux dans le paysage politique.

La mode est de tenter de détricoter le projet européen de l’intérieur. Sauf qu’il y a aujourd’hui un gros point d’interrogation sur le départ programmé des Britanniques : et s’ils restaient ?

Si la date du Brexit est repoussée bien au delà du 12 avril, les Britanniques devront participer au vote  : et l’on devrait regonfler les rangs des élus de Strasbourg à 751, dont beaucoup d’élus britanniques pro-Brexit… L’histoire du serpent qui se mord la queue. Les électeurs vont-ils une fois encore bouder ce scrutin pourtant crucial pour leur avenir ? À la dernière consultation, ils étaient à peine 42 % à se déplacer. Hâtons-nous de rendre l’élection européenne populaire !

Sur France 24, chaîne internationale de reportages et de débats, nous vous proposons une couverture aussi riche que variée : notre "bus de l’Europe" avec quatre reporters embarqués allant à la rencontre des Européens, deux débats avec des têtes de listes françaises et européennes mais aussi des émissions spéciales en co-production France 24 – Deutsche Welle, ou encore France 24 - Public Sénat… et enfin, dès le 13 mai, un "Journal de l’Europe" tous les jours. Demandez le programme !