
Le recomptage des votes a commencé à Istanbul après les recours déposés par le Parti de la justice et du développement (AKP) du président Erdogan. La formation y a été battue, ainsi qu'à Ankara, mais conteste les résultats dans les deux villes.
Le recomptage des votes a débuté, mercredi 3 avril, dans plusieurs bureaux de vote d'Istanbul, ont annoncé les autorités électorales turques. Huit districts de la ville sur 39 sont concernés, après les recours déposés par l'AKP. Mardi, le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan avait officiellement contesté le résultat des élections municipales de dimanche à Istanbul et à Ankara, où l'opposition est arrivée en tête.
Le président du Haut-comité électoral, Sadi Güven, a précisé que les voix recomptées étaient "en majorité" des bulletins comptabilisés comme nuls lors du dépouillement dimanche.
Des responsables du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) dans ces deux villes ont indiqué avoir relevé des "irrégularités flagrantes".
D'après les résultats provisoires du scrutin, qui s'est tenu en pleine tempête économique, le bloc d'opposition constitué du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) et du Bon parti (Iyi, droite) a arraché la victoire à Ankara et Istanbul.
Yildirim battu à Istanbul
Le candidat de l'opposition à Istanbul, Ekrem Imamoglu, est arrivé en tête avec 48,79 % des voix, contre 48,52 % pour le candidat de l'AKP Binali Yildirim, selon les résultats non officiels publiés mardi par l'agence de presse étatique Anadolu.
Ekrem Imamoglu, qui se présente désormais comme le "maire d'Istanbul" à chacune de ses apparitions, a accusé mercredi l'AKP de chercher à "gagner du temps" et exhorté Recep Tayyip Erdogan à ne pas "laisser cette élection être entraînée vers des eaux troubles". "Ne laissez pas trois ou quatre personnes qui se comportent comme des enfants dont on aurait pris les jouets saper la crédibilité de la Turquie", a-t-il lancé.
À Ankara, le candidat de l'opposition Mansur Yavas a recueilli 50,93 % des votes, contre 47,12 % pour celui de l'AKP.
Si elles étaient confirmées, les pertes d'Ankara et d'Istanbul, villes contrôlées depuis 25 ans par l'AKP et ses prédécesseurs islamistes, représenteraient un revers cuisant pour le président Erdogan, qui a mis tout son poids dans la campagne pour faire gagner son camp.
Le Haut-comité électoral a deux jours, dans un premier temps, pour se prononcer sur la recevabilité des recours déposés par l'AKP, mais la procédure pourrait durer une dizaine de jours en comptant les appels possibles.
Dans l'attente des résultats officiels, les journaux progouvernementaux relaient la thèse d'un "complot" contre la Turquie, comparant le résultat du scrutin à la tentative de putsch de 2016.
"Qui a organisé ce coup d'État à travers les urnes ?", s'interrogeait ainsi mercredi le journal Star. L'influent éditorialiste Ibrahim Karagül, du quotidien Yeni Safak, appelait à organiser de nouvelles élections à Istanbul.
Avec AFP