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Abdelkader Bensalah, un pur produit du régime algérien chargé d’assurer la transition

En tant que président du Conseil de la nation en Algérie, c'est à Abdelkader Bensalah, 77 ans, d'assurer la transition en Algérie, après la démission du président Abdelaziz Bouteflika mardi. Portrait.

Abdelkader Bensalah, 77 ans, qui sera chargé d'assurer l'intérim pour trois mois, après la démission mardi 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika, est un pur produit du régime algérien.

Ce cacique du Front de libération nationale (FLN) est président depuis près de dix-sept ans du Conseil de la nation, chambre haute du Parlement. Il représentait souvent ces dernières années, en Algérie ou à l'étranger, le président Bouteflika, absent de la scène publique depuis un AVC en 2013. Ainsi; c’est lui qui occupait le siège de l'Algérie lors du Sommet de la Ligue arabe à Tunis le 31 mars.

Né le 24 novembre 1941 dans la région de Tlemcen, près de la frontière marocaine, Abdelkader Bensalah a été tour à tour député, ambassadeur, haut fonctionnaire ministériel, sénateur : il a multiplié les fonctions et présidé les deux chambres du Parlement, sans jamais devenir ministre.

Un bon serviteur du système

Un fonctionnaire du Conseil de la Nation l'ayant côtoyé le décrit comme un homme souvent jovial, mais capable d'une grande sévérité. Sans talent oratoire particulier, c'est un bon serviteur du système, décrit un homme politique ayant travaillé avec lui, qui attribue à sa discrétion, entretenue jusqu'à frôler l'effacement, sa longévité dans les allées du pouvoir.

Abdelkader Bensalah n'a pas 18 ans quand il rejoint les rangs de l'Armée de libération nationale (ALN), qui combat depuis 1954 l'armée coloniale française. Au moment de l'indépendance, en 1962, il obtient une bourse et part étudier le droit à Damas, avant de rentrer en Algérie, où il intègre en 1967 la rédaction du quotidien national arabophone El Chaab ("Le Peuple"), à une époque où l'État détient le monopole de la presse et des médias.

Après une carrière dans la presse d'État, notamment comme correspondant à l'étranger, il est élu député en 1977. Réélu deux fois, il préside pendant dix ans la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée Populaire nationale (APN, chambre basse). Ambassadeur d'Algérie en Arabie saoudite de 1989 à 1993, il est ensuite porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Polémique sur ses origines

En 1994, il est élu à la tête du Conseil national de Transition (CNT), deuxième Parlement transitoire mis sur pied pour pallier l'absence d'Assemblée après l'interruption des législatives de 1991-1992, que s'apprêtaient à remporter les islamistes du Front islamique du Salut (FIS). Quatre ans plus tard, le Rassemblement national démocratique (RND) qu'il vient de contribuer à créer remporte les législatives, propulsant Abdelkader Bensalah, réélu député, à la présidence de l'APN.

En 2002, nommé par le chef de l'État, au titre du "tiers présidentiel", au Conseil de la Nation, il en prend la présidence. Depuis, il a été systématiquement réélu tous les trois ans à ce poste qui lui confère la charge de l'intérim en cas de décès, de démission, ou d'"empêchement" du président du fait d'une maladie grave et durable.

Comme en 2013, lorsque l'hypothèse d'un intérim était évoqué, lors de la longue hospitalisation à Paris du président Bouteflika, victime d'un AVC, une polémique sur ses origines est récemment réapparue. Certains de ses détracteurs l'accusent d'être Marocain de naissance, et d'avoir été naturalisé Algérien dans les années 1960, ce qui l'empêcherait d'assurer les fonctions présidentielles, même de façon intérimaire. Abdelkader Bensalah a toujours démenti et assuré être Algérien de naissance.

Avec AFP