En Turquie, l'opposition à Recep Tayyip Erdogan a remporté les municipales à Istanbul et dans les grandes villes du pays, ainsi que dans des municipalités de la région kurde et de la côte méditerranéenne.
Les résultats très attendus des élections municipales de dimanche 31 mars en Turquie donnent l’AKP, le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan, perdant à Istanbul, où le candidat de l’opposition Ekrem Imamoglu l’emporte de justesse avec 48,8 % des suffrages, face au candidat du pouvoir crédité de 48,51 %. "Désormais s’ouvre une période de trois jours durant lesquels les candidats vont pouvoir faire un recours s’ils le souhaitent", indique le correspondant de France 24 Ludovic de Foucaud.
Outre Istanbul, joyau de la couronne de Recep Tayyip Erdogan, qui a été maire de cette ville dont il a fait la vitrine de ses projets considérables d'infrastructures, l’AKP a enregistré des défaites inattendues dans plusieurs autres grandes villes du pays, dont Ankara. Le parti présidentiel et ses prédécesseurs islamistes contrôlaient Istanbul et la capitale depuis 25 ans. Ce changement marque un revers inédit pour le chef de l’État turc en 16 ans de pouvoir. Refusant de concéder la défaite à Ankara, l'AKP a annoncé qu'il déposerait des recours auprès des autorités électorales.
Avec la victoire d’Ekrem Imamoglu à Istanbul, l'opposition contrôle maintenant les trois premières villes de Turquie, avec Ankara et Izmir (ouest).
Les villes du sud-est kurde et de la côte méditerranéenne aux mains de l’opposition
Dans le sud-est du pays à majorité kurde, c’est le parti prokurde HDP qui a récupéré plusieurs villes comme Diyarbakir et Van. Dans ces villes, les maires avaient été remplacés par des administrateurs publics nommés par le gouvernement dans un contexte de pressions croissantes contre ce parti depuis 2016.
L'économie en berne a poussé les votants à sanctionner le pouvoir dans les grandes villes du pays. Mais le parti d’Erdogan s'est également heurté à un front uni de l'opposition. En effet, pour ces élections, le CHP et l'Iyi (droite) ont présenté un candidat commun dans les grandes villes. Le parti prokurde HDP a appuyé cette alliance en ne présentant pas de candidat dans l'ouest du pays afin d'éviter la dispersion des voix anti-Erdogan.
L’opposition a également gagné les élections dans plusieurs villes de la côte méditerranéenne, comme Adana et la ville balnéaire d’Antalya.
À l'échelle du pays toutefois, l'AKP et son allié nationaliste du MHP restent en tête. Ils recueillent 51,7 % des voix, selon les chiffres de l'agence de presse Anatolie. Le taux de participation s'est quant à lui élevé à 84,52 %.
Avec AFP et Reuters