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Des Roms agressés après de fausses rumeurs sur les réseaux sociaux

Des Roms ont été agressés et lynchés dans la nuit de lundi en banlieue parisienne par une vingtaine d'individus à la suite de rumeurs infondées sur des enlèvements d'enfants à des fins de trafic d'organes ou de prostitution.

Voleurs d'enfants, trafiquants d'organes, proxénètes… Faussement accusés d'être à l'origine d'enlèvements d'enfants après des rumeurs circulant sur les réseaux sociaux, plusieurs membres de la communauté Roms en France ont été agressés dans la nuit de lundi 25 à mardi 26 mars en Seine-Saint-Denis par une vingtaine de personnes.

Trois adultes vont être jugés en comparution immédiate, un mineur présenté au juge des enfants. Dix-neuf personnes (dix-sept majeurs et deux mineurs) avaient été placées en garde à vue "pour des faits de violences volontaires, dégradations par incendie et participation avec arme à un attroupement survenus dans la soirée du 25 mars", selon un communiqué mardi du parquet de Bobigny.

Selon la préfecture, ces "fake news" circulent depuis le début du week-end dernier, en Seine-Saint-Denis, mais aussi depuis plusieurs semaines dans le département des Hauts-de-Seine. "Les rumeurs de kidnapping d'enfants avec une camionnette sont totalement infondées. Aucun enlèvement n'est avéré", a pour sa part déclaré la préfecture de police de Paris sur Twitter. "Ne relayez plus cette fausse information, n'incitez pas à la violence."

❌Les rumeurs de kidnapping d'enfants avec une camionnette sont totalement infondées. Aucun enlèvement n'est avéré.
❗️Ne relayez plus cette fausse information, n'incitez pas à la violence. pic.twitter.com/FRWPZnpakP

  Préfecture de police (@prefpolice) 26 mars 2019

Des lynchages de Roms dans plusieurs départements français

Des incidents ont été signalés à Clichy-sous-Bois, Bobigny et dans plusieurs autres villes de Seine-Saint-Denis. Selon la préfecture de Bobigny, jointe par Reuters. Ce sont notamment des jeunes des cités qui se sont attaqués à des Roms, un phénomène de lynchage courant dans le département.

"Suite aux « fakes news » racistes parlant de tentatives de kidnapping d’enfants, des agressions ultra-violentes de personnes rroms (...) Nous appelons chacun à contribuer à la protection urgente des personnes ciblées par ces attaques criminelles" pic.twitter.com/rK6KiAXKkD

  Anina CIUCIU (@anina_ciuciu) 26 mars 2019

Ces incidents ont donné lieu à une vingtaine d'arrestations suivies de gardes à vue, ajoute-t-on de même source. De source proche de l'enquête, on précise que les services de police "ont reçu de nombreux signalements qui sont analysés avec la plus grande attention".

Le 16   mars à Colombes (Hauts-de-Seine), "deux personnes ont été injustement accusées puis lynchées" à la suite de la propagation de cette rumeur en Hauts-de-Seine. Une vingtaine de jeunes avaient alors pris à partie les occupants d'une camionnette blanche, selon une source policière. Les deux hommes, légèrement blessés, ont réussi à s'extirper du véhicule pour se réfugier dans un hall d'immeuble. Ils n'ont pas porté plainte.

Faut-il sanctionner les réseaux sociaux pour les "fake news" ?

"Ce qui se passe est profondément choquant et malheureusement probablement appelé à se renouveler", a déploré le chef de file des députés En Marche, Gilles Le Gendre. "Aujourd'hui les réseaux sociaux ont une puissance de feu inouïe qui permet à n'importe qui, sous pseudo, de mettre en cause n'importe qui, n'importe quelle personne, n'importe quelle communauté, en racontant n'importe quoi".

Le député de Paris s’est dit mercredi "très favorable" à des sanctions financières à l'encontre des réseaux sociaux, sur lesquels ces rumeurs ont circulé, même si "techniquement c'est très compliqué de déterminer qui est derrière tout cela". "Il faudra que les réseaux sociaux, les plateformes se donnent les moyens d'être très transparents sur ces sujets-là", a-t-il ajouté.

L'élu LREM a rappelé que les députés avait "un énorme chantier concernant les 'fake news', le complotisme, la manipulation. Nous l'attaquons par petits bouts. Nous allons voter bientôt une proposition de loi sur les propos haineux sur Internet. C'est une première étape."

Avec AFP et Reuters