La justice brésilienne a ordonné lundi la libération de Michel Temer, quatre jours après son arrestation. L'ancien président est accusé de diriger une "organisation criminelle" ayant détourné des centaines de millions d'euros.
Michel Temer ne sera pas resté très longtemps en prison. Un juge brésilien a ordonné lundi 26 mars la libération de l'ancien président, placé en détention provisoire jeudi dernier et accusé d'être à la tête d'"une organisation criminelle" ayant détourné des centaines de millions d'euros.
Le juge Antonio Ivan Athié, du tribunal fédéral TRF2, a décidé, selon un document auquel l'AFP a eu accès, d'accepter la demande d'habeas corpus déposée par la défense de Michel Temer, considérant que la détention provisoire n'était pas "justifiée". Un porte-parole a confirmé que la décision de libérer l'ex-président avait un "effet immédiat".
La décision concerne également les sept autres accusés détenus en même temps que l'ex-président, y compris l'ex-ministre des Mines et de l'Énergie, Moreira Franco, autre cacique du PMDB, parti de centre droit de M. Temer qui a fait la pluie et le beau temps au parlement pendant des décennies.
"Même s'il existe des indices qui incriminent les accusés, ils ne justifient pas la prison provisoire", a expliqué le juge fédéral, considérant que l'ancien président pouvait attendre son jugement en liberté. Le magistrat a justifié sa décision en évoquant l'absence d'éléments "qui montreraient qu'ils représentent une menace à l'ordre public ou qu'ils pourraient dissimuler des preuves".
La dernière arrestation en date de "Lava Jato"
Prédécesseur du président Jair Bolsonaro, Michel Temer, 78 ans, avait été arrêté à Sao Paulo dans le cadre de l'opération "Lava Jato" ("Lavage express"), 80 jours après avoir quitté le pouvoir.
Cette enquête tentaculaire, lancée il y a exactement cinq ans, a mis au jour le plus grand scandale de corruption de l'histoire du Brésil, autour de contrats du groupe public pétrolier Petrobras, avec des grands groupes du BTP.
Michel Temer est soupçonné d'être le chef d'"une organisation criminelle" qui aurait détourné jusqu'à 1,8 milliard de réais (417 millions d'euros). Le parquet a notamment évoqué un "système criminel sophistiqué" sur des projets de génie électromécanique dans la centrale nucléaire d'Angra, qui n'est toujours pas achevée. Mais le juge Athié a considéré que la prison provisoire violait les "garanties constitutionnelles".
"Je ne suis pas contre 'Lavage express', au contraire, je veux aussi voir notre pays libéré de la corruption qui le mine. Mais le combat contre ce fléau ne peut être légitime sans respect des garanties constitutionnelles", a argumenté le magistrat.
Michel Temer était arrivé au pouvoir en août 2016, après la destitution brutale de la présidente de gauche Dilma Rousseff – pour maquillage des comptes publics –, dont il était le vice-président. Il est devenu jeudi le deuxième président brésilien emprisonné dans le cadre de "Lavage express", après Luiz Inacio Lula da Silva, en prison depuis avril 2018 pour corruption et blanchiment d'argent.
Avec AFP