Les Comoriens votaient, dimanche, pour le premier tour de l'élection présidentielle dans un climat lourd de tensions avec l'opposition. Cette dernière, qui accuse le président sortant de dérive autoritaire, crie au "hold-up électoral".
Au premier tour du scrutin présidentiel aux Comores, plus de 300 000 électeurs de l'archipel étaient appelés à voter dimanche 24 mars. Une élection que l'autoritaire président sortant, Azali Assoumani, n'envisage pas de perdre. Les douze opposants en lice dénoncent des fraudes.
Dans la capitale Moroni, les électeurs ont commencé à voter dès l'ouverture officielle du scrutin à 08h00 locales (05h00 GMT).
"Nous avons besoin d'un changement réel dans ce pays, pas de belles paroles. Il nous faut la paix, la sécurité, l'émergence", a déclaré l'un des tous premiers d'entre eux, Mohamed Chaïne, 38 ans.
"J'espère que ma voix sera respectée", a espéré un autre, Allaoui Elarif, 70 ans. "Je ne crains pas les débordements ni les manifestations ici. C'est après, au niveau de la Ceni (commission électorale), que j'ai peur de la triche".
Chef de l'État de 1999 à 2006, réélu en 2016, Azali Assoumani, 60 ans, est donné largement favori de l'élection, qu'il se dit persuadé de remporter dès le premier tour au nez et à la barbe des douze candidats qui lui font face.
Portraits géants dans les villes et le long des routes de l'archipel, déplacements en convois officiels, protection militaire, le président-candidat a écrasé la campagne en usant sans vergogne des moyens de l'État.
La machine électorale Azali s'est mise en marche l'an dernier, avec l'adoption par référendum d'une réforme constitutionnelle très contestée, lui permettant de briguer deux autres mandats.
L'opposition dénonce des irrigularités
Les douze adversaires du président sortant Azali Assoumani ont dénoncé un "coup d'État" électoral. Ils ont par ailleurs appelé le peuple "à résister" et à se "mobiliser" contre des fraudes en cours.
"Nous, candidats, déclarons illégitimes le gouvernement actuel ayant à sa tête le colonel Azali. Nous, candidats, contestons la mascarade de ces élections", a déclaré à la presse l'un d'eux, le colonel Soihili Mohamed, à l'issue d'une réunion des douze opposants à Moroni.
Dès l'ouverture des bureaux de vote de cet archipel de l'océan Indien, l'opposition a fait état de graves irrégularités dans les îles d'Anjouan, en majorité hostile au président, et de Mohéli.
Un responsable de la Ceni a confirmé qu'une dizaine de bureaux de vote anjouanais avaient été saccagés.
Selon la déclaration des douze candidats de l'opposition, ces irrégularités constituent un "coup d'État (...) ayant pour objet de museler la population (et de l'empêcher) de se rendre dans les urnes".
L'ancien putschiste, élu en 2016, a enchaîné des mesures dénoncées par l'opposition comme étant une "dérive autoritaire", comme l'interdiction de manifester.
Avec AFP