Le jihadiste français Mehdi Nemmouche a été déclaré coupable jeudi de quatre assassinats à caractère "terroriste" commis le 24 mai 2014 au Musée juif de Bruxelles. La peine ne sera pas annoncée avant lundi.
Le jihadiste français, Mehdi Nemmouche, a été déclaré coupable, jeudi 7 mars, des quatre "assassinats terroristes" commis le 24 mai 2014 au Musée juif de Bruxelles. Son co-accusé Nacer Bendrer a été également jugé "co-auteur" de la tuerie. Tous deux encourent la réclusion à perpétuité.
Les peines ne seront pas annoncées avant lundi, à l'issue d'un nouvel échange d'arguments entre accusation et défense convoqué ce jour-là, puis d'une nouvelle délibération de la cour.
À l'énoncé de ce verdict de culpabilité, rendu après deux jours et demi de délibérations, Mehdi Nemmouche, 33 ans, portant fine barbe et pull bleu marine, est resté impassible, le regard dans le vide. À ses côtés dans le box, Nacer Bendrer, 30 ans, a gardé la tête baissée de longues minutes, avant de se la prendre dans les mains. Tous les deux niaient les faits.
Dans leurs motivations, les 12 jurés et les trois magistrats professionnels ont notamment rappelé que Mehdi Nemmouche, délinquant multirécidiviste radicalisé en prison, avait été arrêté le 30 mai 2014 à Marseille en possession des armes utilisées lors de la tuerie.
L'accusation avait recensé "23 éléments de preuve" accablant Mehdi Nemmouche, dont la morphologie correspond aussi à celle du tireur observée sur la vidéosurveillance du musée.
"Un ensemble de déductions éparses"
Pour les avocats du jihadiste, la tuerie n'était pas un attentat de l'organisation État islamique (OEI), au sein duquel l'accusé a combattu entre janvier 2013 et février 2014.
Il s'agissait, affirment-ils, d'"une exécution ciblée d'agents du Mossad" (les services secrets israéliens), dans laquelle de supposés agents des services libanais ou iraniens auraient impliqué Nemmouche à son insu. L'argument visait les époux israéliens Miriam et Emmanuel Riva, 53 et 54 ans, les deux premières des quatre personnes abattues ce samedi du printemps 2014 au Musée juif.
La défense de Mehdi Nemmouche, qui a nié les faits et s'est dit victime d'un "piège", a été rejetée par la cour. "L'existence d'un piège n'est pas avancée avec suffisamment de vraisemblance et de crédibilité et doit donc être écartée", souligne notamment l'arrêt de la cour lu par la présidente Laurence Massart.
La thèse a été jugée invraisemblable par les avocats des parties civiles et l'accusation. Les avocats de la famille Riva ont qualifié de "scandale absolu" qu'on puisse faire passer les deux touristes pour des agents secrets.
"La défense s'est bornée à énoncer un ensemble de déductions éparses sans jamais les approfondir", a relevé la cour dans son arrêt.
Compagnons de détention dans le sud de la France
Dans le box depuis le 10 janvier comparaissait également Nacer Bendrer, un délinquant marseillais de 30 ans, accusé d'avoir fourni à Mehdi Nemmouche les armes de la tuerie.
L'accusation, pour qui cette tuerie antisémite est le premier attentat commis en Europe par un combattant de retour de Syrie, avait requis la condamnation de deux hommes, anciens compagnons de détention dans le sud de la France en 2009-2010.
Au procès, Bendrer a reconnu que ce dernier lui avait demandé une Kalachnikov lors de sa venue à Bruxelles début avril. Mais le Marseillais a assuré ne pas avoir donné suite. Sa défense, qui avait mis en avant l'absence de "preuve matérielle" d'une remise des armes, plaidait l'acquittement.
"L'aide fournie par Nacer Bendrer porte un caractère indispensable", a tranché jeudi la cour, estimant qu'en livrant les armes il avait conscience de contribuer au crime d'"un radicalisé de longue date", allusion à Nemmouche.
Après les époux Riva, un employé belge de 26 ans, Alexandre Strens, et une bénévole française de 66 ans, Dominique Sabrier, avaient aussi été assassinés au Musée juif.
Avec AFP