
Un rapport de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques publié vendredi 1er mars confirme l'utilisation de la chlorine, une arme chimique, contre Douma en Syrie, en avril 2018. Mais il ne désigne pas de responsable.
Il existe "des motifs raisonnables pour penser qu'un agent chimique toxique a été utilisé comme arme le 7 avril 2018" lors de l'attaque contre Douma, près de Damas en Syrie, a conclu le rapport de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), publié vendredi 1er mars.
Selon le rapport, "deux cylindres industriels jaunes destinés à contenir du gaz pressurisé" ont été découverts sur les lieux, dont l'un a atterri sur le toit d'un ensemble résidentiel et l'a traversé. "Il est possible que les cylindres aient été la source des substances contenant de la chlorine réactive", selon l'OIAC.
L'OIAC indique n'avoir pas découvert de preuves d'une utilisation d'agents neurotoxiques, dont avaient fait état auparavant des parties au conflit.
Une équipe d'inspecteurs de l'OIAC a recueilli plus de 100 échantillons sur sept sites à Douma lorsqu'ils ont pu accéder à la ville plusieurs semaines après l'attaque. Ils ont procédé à une série de tests dont des analyses toxicologiques et balistiques, a précisé l'OIAC.
Des témoins ont rapporté aux inspecteurs qu'il y a eu "43 morts des suites de l'attaque chimique supposée, dont la plupart ont été vus sur des vidéos et des photos (gisant) sur le sol de plusieurs étages d'un immeuble d'habitation et en face du même immeuble".
Une exposition à "une substance irritante ou toxique "
Les vidéos attestent d'une exposition des victimes "à une substance irritante ou toxique par inhalation". Elles montrent également des brûlures aux yeux, et de la mousse au niveau de la bouche, sans que ces symptômes puissent être directement liés à une substance spécifique.
L'OIAC a également rejeté la version du régime syrien selon lequel le gaz provenait d'une présumée installation d'armes chimiques des rebelles et d'un entrepôt dans la zone que les inspecteurs ont été autorisés à visiter.
"Après l'analyse des informations recueillies au cours des visites de l'entrepôt et des locaux soupçonnés d'être des lieux de production d'armes chimiques, il n'y a pas d'indications que ces installations aient été impliquées dans leur fabrication", ont rapporté les inspecteurs.
Le rapport ne désigne pas de responsable car à l'époque, cela ne faisait pas partie des attributions de l'OIAC. Depuis, l'organisation s'est vu attribuer le droit d'enquêter sur la responsabilité de toutes les attaques chimiques en Syrie depuis 2014.
Identifier les auteurs de ces attaques
Le chef de la diplomatie britannique, Jeremy Hunt, a affirmé que la Syrie devait désormais tenir sa promesse de détruire l'intégralité de ses armes chimiques, faite en 2013 après la mort de 1 400 personnes dans la région de la Ghouta, près de Damas, lors d'une attaque au gaz sarin selon l'ONU.
"Le régime d'Assad doit stopper, déclarer et détruire son programme d'armes chimiques. Nous restons déterminés à demander justice pour les victimes", a tweeté Jeremy Hunt.
Confirmed today by @OPCW - chemical weapons WERE used in Douma, Syria in April 2018. The Asad regime must cease, declare & destroy its chemical weapon programme. We remain committed to seeking justice for the victims
Jeremy Hunt (@Jeremy_Hunt) 1 mars 2019Son homologue français, Jean-Yves Le Drian, a réclamé également "que l'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien cesse et que les auteurs de tels actes soient sanctionnés". Il a aussi appelé la communauté internationale "à pleinement coopérer" avec les mécanismes mis en place par l'OIAC "pour permettre l'identification des auteurs de ces attaques".
Les Occidentaux, avec à leur tête les États-Unis, avaient accusé le régime syrien d'avoir mené l'attaque de Douma et avaient attaqué des installations militaires syriennes en représailles.
La Russie, qui soutient le régime du président syrien Bachar al-Assad, a rejeté le rapport de l'OIAC. "L'incident de Douma n'est rien d'autre qu'une provocation mise en scène" par les secouristes bénévoles syriens connus sous le nom de Casques Blancs, a tweeté l'ambassade de Russie à La Haye.
Avec AFP