
Quand l'Inde accuse le Pakistan d'accueillir sur son sol le groupe terroriste Jaish-e-Mohammed, auteur de l'attentat du 14 février, Islamabad rétorque que l'aviation indienne n'a fait que "bombarder des arbres dans la forêt".
Depuis l'attentat-suicide du 14 février dans la partie indienne du Cachemire, et les représailles de l'Inde contre un camp d'entraînement du groupe islamiste Jaish-e-Mohammed (JeM), la fièvre monte dans cette région déjà meurtrie par des décennies de conflit. Mercredi 27 février , les ambassadeurs de l'Inde et du Pakistan en France sont intervenus successivement sur l'antenne de France 24, pour réagir à ces tensions.
Le dernier épidode en date : la capture d'un ou plusieurs pilotes indiens, après que des avions de chasse ont été abattu dans l'espace aérien pakistanais, qui a donné lieu à des annonces et des vidéos discordantes de la part des médias et de l'armée.
Un pilote indien capturé par l'armée pakistanaise
Invité à la mi-journée, l’ambassadeur du Pakistan en France, M oin ul Haque, a confirmé la présence d’un pilote indien aux mains de l’armée pakistanaise. Il a cependant nié que le bombardement indien sur le sol pakistanais ait visé un camp d’entraînement du groupe JeM : "Il n’y a pas eu de victimes au Pakistan, l’Inde a bombardé des arbres dans une forêt."
Cette déclaration vient contredire la version de New Dehli. L'ambassadeur de l'Inde en France, Vinay Kwatra, invité en début de soirée à s'exprimer sur France 24, a estimé que le groupe terroriste qui a revendiqué l'attaque du 14 février est "basé, entraîné, financé et soutenu au Pakistan". Or, insiste le représentant de la République indienne, "les informations des services secrets montraient que d'autres attentats se préparaient au sein de ce camp".
Paris soutient New Delhi
Cette position est soutenue par la diplomatie française qui a reconnu, mardi, "la légitimité de l'Inde à assurer sa sécurité contre le terrorisme transfrontalier", et demandé au Pakistan "de mettre fin aux agissements des groupes terroristes installés sur son territoire", selon un communiqué du ministère français des Affaires étrangères.
Le chercheur au CNRS, Jean-Luc Racine, interrogé par France 24, affirme que "le dirigeant l’organisation Jaish-e-Mohammed, Masood Azhar , ne se cache pas. Il est parfois mis sous pression par les autorités pakistanaises, mais il reste en liberté."

Selon l’ambassadeur du Pakistan en France interrogé sur France 24, les accusations du ministère français des Affaires étrangères envers Islamabad sont "décevantes", étant donné que son pays a "interdit tous les groupes terroristes de son territoire" et a mené "une politique anti-terroriste intensive depuis deux à trois ans".
Cette affirmation vient contredire les allégations des autorités indiennes : " Il n'y a aucune évidence ou preuve sur le terrain que le Pakistan fasse un effort pour fermer la filière terroriste sur son sol", insiste l'ambassadeur Vinay Kwatra. Son homologue pakistanais, M oin ul Haque, rétorque que "si l’Inde détient des preuves d’une présence terroriste au Pakistan, qu’ils partagent cette information, plutôt que d’agir unilatéralement".
Le Pakistan appelle à une médiation de l'ONU
Le représentant du Pakistan a également lancé un appel à la communauté internationale et au conseil de sécurité de l’ONU pour mettre en place une "médiation" sur ce conflit et sortir d’un rapport bilatéral avec l’Inde sur la question.
En parallèle, les autorités de chaque pays ont appelé mercredi à éviter l'escalade. "Pouvons-nous nous permettre le moindre mauvais calcul avec le genre d'armes que nous avons et que vous avez ?", s’inquiétait mercredi le Premier ministre pakistanais Imran Khan, en référence à l'arsenal nucléaire des deux pays voisins. Lors de cette allocution à la télévision, il a renouvelé son appel à destination de New Delhi pour s’asseoir "à la table des négociations". De son côté, la ministre indienne des Affaires étrangères, Sushma Swaraj, a elle aussi plaidé l'apaisement, en soulignant lors d'un déplacement en Chine que "l'Inde ne souhaite pas d'escalade".