
Une semaine après le report de la présidentielle et des législatives au Nigeria, près de 72,8 millions d'électeurs sont appelés aux urnes samedi. Pas moins de 73 candidats se disputent la présidence dans un climat sécuritaire tendu.
Les Nigérians ont commencé à se rendre aux urnes, samedi 23 février, pour élire leur prochain président dans un climat incertain, une semaine après le report de la présidentielle pour des raisons logistiques et de craintes au sujet du niveau de sécurité.
Près de 72,8 millions d'électeurs sont attendus pour le premier tour dans quelque 120 000 bureaux de vote, ouverts depuis 08h00 (07h00 GMT), même si des journalistes de l'AFP ont constaté de nombreux retards dus à l'installation tardive du matériel dans certains d'entre eux. Les Nigérians doivent choisir parmi un nombre record de 73 candidats en lice pour prendre la tête de la première économie d'Afrique et premier exportateur de pétrole du continent.
Mais deux heures avant l'ouverture des bureaux de vote, plusieurs explosions ont été entendues à Maiduguri, dans le nord-est du pays. Dans le même temps, des habitants de Geidam, dans l'État voisin de Yobe, ont dit à Reuters que des militants islamistes avaient attaqué leur ville peu avant le scrutin, les obligeant à fuir.
Record de candidats en lice
Pour être élu dès le premier tour, le vainqueur devra obtenir, outre la majorité des suffrages exprimés, au moins 25 % des voix dans les deux tiers des 36 États de la fédération auxquels s'ajoute le territoire de la capitale fédérale, Abuja. Sinon un second tour aura lieu dans une semaine. Aucune date n'a été donnée pour les résultats mais ils sont annoncés en général dans les 48 heures suivant le scrutin.
Tous les regards sont en réalité tournés vers le président Muhammadu Buhari, du Congrès des progressistes (APC), en lice pour un second mandat, et son principal rival du Parti populaire démocratique (PDP), Atiku Abubakar.
Pendant huit jours, les Nigérians - souvent furieux d'avoir dépensé de l'argent pour aller voter dans leur village natal samedi dernier, ont retenu leur souffle. Mais cette fois, tout est prêt, a assuré le président de la Commission électorale indépendante (INEC), pour cette élection couplée à des législatives qui renouvellent les 360 sièges de la Chambre des représentants et les 109 du Sénat .
"Réparer une économie cassée"
C'est un défi logistique et sécuritaire colossal d'organiser un tel scrutin dans le pays le plus peuplé d'Afrique, si l'on prend en considération le manque d'infrastructures, d'électricité ou la météo, a expliqué Mahmood Yakubu pour justifier sa décision de reporter le scrutin.
L'inspecteur général de la police, Mohammed Adamu, a affirmé qu'une "sécurité maximum avant, pendant et après le vote" était garantie pour "les électeurs, les observateurs, le personnel de l'INEC" mais aussi pour le "matériel électoral".
Le vainqueur de la présidentielle devra "réparer une économie cassée" qui ne parvient toujours pas à se relever de la récession de 2016-2017, titrait vendredi le quotidien économique local Business Day.
Quatre-vingt-sept millions de Nigérians vivent dans l'extrême pauvreté et les chiffres s'aggravent de jour en jour, laissant augurer "une implosion socio-économique", dans ce pays de 190 millions d'habitants, qui devrait devenir le troisième pays le plus peuplé du monde en 2050.
La situation sécuritaire s'y est aussi largement aggravée ces dernières années et de nombreuses régions du pays sont instables, notamment le nord-est en proie aux attaques du groupe jihadiste Boko Haram et le centre où le conflit pour le contrôle des terres entre éleveurs et agriculteurs a fait des milliers de morts.
Avec AFP et Reuters