Emmanuel Macron a appelé, samedi, à "réinventer" la Politique agricole commune pour défendre la "souveraineté alimentaire" de l'Europe, et promis de soutenir le combat pour promouvoir les agriculteurs français en inaugurant le Salon de l'agriculture.
La 56e édition du Salon international de l'agriculture (SIA), inaugurée par Emmanuel Macron, samedi 23 février, et qui doit durer jusqu’au 3 mars, devrait accueillir, selon ses organisateurs, entre 650 000 et 700 000 visiteurs. L'année dernière, 672 000 personnes avaient arpenté les allées de la porte de Versailles à Paris.
Le chef de l'État a promis samedi de "ne rien lâcher" sur les combats pour promouvoir l'agriculture française en inaugurant le salon, dans un discours prononcé devant de futurs jeunes agriculteurs.
"Je n'ignore rien des difficultés du quotidien", des agriculteurs "néanmoins je constate avec vous que parce qu'il y a eu mobilisation collective (...) les choses sont en train de s'améliorer", a défendu le président de la République.
"Toutes les filières, tous les acteurs doivent continuer à se mobiliser", a-t-il déclaré. "De ces combats nous ne lâcherons rien", a-t-il dit faisant valoir les efforts faits par l'exécutif pour restituer la valeur à "ceux qui produisent", aux agriculteurs. Emmanuel Macron a surtout centré son discours sur sa vision européenne de l'agriculture, alors que les négociations pour élaborer la future politique agricole commune (PAC) viennent de commencer et que le scrutin des européennes se rapproche (du 23 au 26 mai).
Il a appelé à "réinventer" cette PAC afin d'assurer "la souveraineté alimentaire, environnementale et industrielle" du continent européen, alors que pour ses approvisionnements en alimentation animale, l'Europe est dépendante à 70 % de soja importé. "L'Europe agricole aujourd'hui est menacée de l'extérieur", notamment face aux grandes puissances comme la Russie, la Chine ou les États-Unis, et "de l'intérieur", a-t-il aussi estimé, en appelant à l'unité et en soulignant que "sans la PAC, les consommateurs européens ne bénéficieraient pas d'une alimentation accessible et de qualité".
L'agriculture a du mal à faire rêver les jeunes
Si les agriculteurs français attendent beaucoup de la PAC, ils ont aussi des demandes immédiates : vendre leurs produits à des prix qui leur permettent de vivre, investir pour avoir des exploitations plus écolo, et ne plus être sans cesse critiqués, ce qu'ils nomment l'"agri-bashing". Le salon souhaite refléter une agriculture proche de la réalité que vivent une majorité d'agriculteurs : ils ne se reconnaissent pas dans un modèle ultra-intensif néfaste pour les hommes comme pour les animaux, ni dans une agriculture passéiste, mais pratiquent un modèle raisonné, majoritairement familial.
Le salon c'est l'occasion "d'expliquer que l'agriculture, c'est beau, c'est bon, que l'alimentation française c'est la meilleure du monde et que les agriculteurs font des produits de qualité. il faut positiver, c'est la positive agriculture", a déclaré vendredi le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume.
Si 85 % des Français ont une bonne opinion des agriculteurs, selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour France Info et le Figaro, l'agriculture a du mal à faire rêver les jeunes et les demandeurs d'emploi, alors que la profession manque de bras. Un problème majeur, qui pose la question de la pérennité même de l'agriculture française : "un tiers des professionnels" cesseront leur activité d'ici 2022, selon Xavier Heinzlé, des Jeunes agriculteurs.
Après son discours, Emmanuel Macron devait se rendre, dans l'ordre, sur les stands des filières lait, viande bovine, volailles, œufs, porc, pêche, pomme de terre, viticulture, fruits et légumes, grandes cultures et bière.
L'an dernier, il avait passé douze heures d'affilée dans les allées, répondant aux visiteurs, y compris les plus hostiles.
La tension ne sera peut-être pas que dans les têtes des agriculteurs, mais viendra aussi de l'extérieur : alors que les Gilets jaunes vivront samedi l'acte 15 de leur mouvement, certains de leurs leaders hésitaient cette semaine, à s'inviter dans la plus grande ferme de France et tenter d'interpeller le chef de l'État.
Selon les organisateurs, le même dispositif de sécurité que d'habitude est prévu, adaptable en cas d'éventuelle irruption de Gilets jaunes.
Avec AFP