Des violences ont éclaté samedi aux frontières du Venezuela alors que l'opposant Juan Guaido tentait de faire passer l'aide humanitaire refusée par le président Maduro. Les États-Unis ont affirmé qu'il était temps de "passer aux actes".
Les frontières du Venezuela ont été le théâtre de violences qui ont fait au moins deux morts et plus de 300 blessés samedi 23 février, date à laquelle l'opposant Juan Guaido, président par interim autoproclamé reconnu par une cinquantaine de pays, avait promis l'entrée de l'aide humanitaire. Le président Nicolas Maduro, qui voit cette aide comme une ingérence, a catégoriquement refusé de la laisser entrer et a fait fermer les frontières du Venezuela avec le Brésil et la Colombie.
Dans la soirée, le secrétaire d'État américain a affirmé que Washington allait "passer aux actes". "Les États-Unis vont passer aux actes contre ceux qui s'opposent à la restauration pacifique de la démocratie au #Venezuela. Maintenant, le temps est venu d'agir pour soutenir les besoins du peuple vénézuélien désespéré", a-t-il écrit sur Twitter.
The U.S. will take action against those who oppose the peaceful restoration of democracy in #Venezuela. Now is the time to act in support of the needs of the desperate Venezuelan people. We stand in solidarity with those continuing their struggle for freedom. #EstamosUnidosVE pic.twitter.com/XfLEsyT6Rj
Secretary Pompeo (@SecPompeo) 24 février 2019 L'opposant vénézuélien Juan Guaido a de son côté annoncé qu'il participerait à la réunion du Groupe de Lima prévue lundi à Bogota, et a appelé la communauté internationale à envisager "toutes les éventualités" face au président Nicolas Maduro.
Au moins deux personnes ont été tuées, dont un garçon de 14 ans, et plus de 300 blessées au cours de la journée. Les deux personnes décédées ont été tuées par balles dans des heurts qui ont fait également plus d'une trentaine de blessés à la frontière avec le Brésil. Une ONG locale, Foro Pena, a accusé les militaires vénézuéliens d'avoir ouvert le feu sur la foule qui réclamait le passage des convois humanitaires.
Côté colombien, les autorités ont fait état de 285 blessés parmi les manifestants mobilisés pour exiger le passage des convois. Face à cette violence, le gouvernement colombien, soutien affiché de Juan Guaido, a ordonné le retour des camions "pour protéger l'aide" et dénoncé des "violations des droits humains".
Selon les services colombiens de l'immigration, deux camions d'aide et leur cargaison ont été incendiés à la frontière avec la Colombie. Une députée pro-Guaido, Gaby Arellano, a accusé les forces de l'ordre vénézuéliennes de les avoir incendiés sur ordre du président Maduro.
Imágenes del camión que transportaban alimentos y medicinas hacia Venezuela al que la Guardia Nacional Bolivariana le prendió fuego https://t.co/EV60yawiY3 pic.twitter.com/FccxMbGqRe
Vanguardia Liberal (@vanguardiacom) 23 février 2019Un bateau parti de Porto Rico avec de l'aide a par ailleurs rebroussé chemin après avoir "reçu des menaces directes de tir" de marine vénézuélienne, a affirmé le gouverneur de l'île américaine, Ricardo Rosello.
Les camions rebroussent chemin
Plus tôt dans la journée, Juan Guaido avait pris symboliquement le volant d'un des camions à destination du pont Simon Bolivar, du côté colombien de la frontière. Il a lancé l'épreuve de force à la mi-journée en annonçant sur Twitter l'entrée au Venezuela d'un premier convoi via la frontière brésilienne.
Mais des journalistes de l'AFP présents dans la ville frontalière de Pacaraima (nord du Brésil) ont constaté que les deux camions chargés d'aide envoyés par le Brésil avaient dû rebrousser chemin en début de soirée : "Guaido nous a donné l'ordre de préserver les produits. Nous voulons passer de manière pacifique", a expliqué par mégaphone un responsable des opérations. "Notre bien le plus précieux, c'est notre vie, nous ne voulons pas nous faire massacrer."
Rupture des relations diplomatiques avec la Colombie
Alors que la tension montait sur le terrain, deux marches concurrentes se sont tenues à Caracas, l'une en blanc, en soutien à Juan Guaido et l'autre, en rouge, pour Nicolas Maduro. Plusieurs milliers de partisans de Juan Guaido se sont retrouvés devant l'aéroport militaire de la Carlota pour appeler l'armée à laisser passer l'aide.
Nicolas Maduro refuse l'entrée de l'aide parce qu'il estime que cette opération cache une intervention armée des États-Unis qui ne dit pas son nom. Furieux des derniers développements, il a annoncé la rupture des relations diplomatiques entre le Venezuela et la Colombie, précisant que l'ambassadeur de Colombie et le personnel consulaire avaient 24 heures pour quitter le pays.
Désertion de militaires
Par ailleurs, soixante membres des forces de sécurité vénézuéliennes ont déserté samedi et sont passés en Colombie, selon un nouveau bilan du service des migrations colombien. "Soixante membres des différentes forces armées du Venezuela ont fui la dictature de Maduro par (les départements de) Norte de Santander et Arauca, aujourd'hui", a déclaré le service des migrations dans un communiqué.
La télévision colombienne a diffusé les images d'un officier vénézuélien se présentant comme le commandant Hugo Parra prêter allégeance à Juan Guaido.
Avec AFP et Reuters