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Lois sur les réseaux sociaux, forces de l’ordre spécialisées, redéfinition de l'antisémitisme… Emmanuel Macron a annoncé, mercredi soir, lors du traditionnel dîner du Crif, à Paris, une série de mesures en réponse à la montée de l'antisémitisme.

Le président Emmanuel Macron a voulu envoyer un message fort. Lors de son arrivée au traditionnel dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) au Carroussel du Louvre, mercredi 20   février, le président français, accompagné de son épouse, est apparu aux côtés des ministres de la Justice, Nicole Belloubet, et de l’Intérieur, Christophe Castaner. Un prélude à la fermeté affichée du discours à venir.

Le président Macron est arrivé accompagné de son épouse Brigitte pic.twitter.com/xlIjYkS9KO

  Romain Houeix (@RHoueix) 20 février 2019

Prenant la suite du président du Crif, Francis Kalifat, le chef de l'État a débuté son intervention les yeux rougis par l’émotion, après les actes antisémites de ces derniers jours. “J’aurais souhaité que ce dîner se déroule à l’occasion de circonstances plus sereines”, a-t-il déclaré avant d’évoquer longuement la mémoire de personnalités juives   : Simone Veil, Claude Lanzmann, Marceline Loridan ou encore Georges Loinger, “cette part juive de l'âme de la France”.

Arborant un pin’s “tous unis contre l'antisémitisme”, il a annoncé les décisions fortes qu’il promettait depuis quelques jours. La première, c’est l’adoption, dans les textes français, de la définition de l’IHRA ( L'Alliance internationale de la mémoire de l'Holocauste) comme référence en matière d’antisémitisme   : "Nous devons nommer le mal. L'antisémitisme se cache de plus en plus derrière le masque de l'antisionisme", a-t-il asséné.

Dans le dictionnaire, l'antisémitisme désigne "une hostilité envers le peuple juif. Ce terme de religion peut prendre la forme d'une doctrine ou attitude discriminatoire, malveillante et menaçante envers les personnes de confession juive." Il s’agit d’un délit sanctionné par la loi française tout autant que le racisme et la xénophobie. Le sionisme, en revanche, désigne une idéologie politique. Née au XIXe siècle et théorisée par Theodore Herzl, elle vise à promouvoir la création d'un foyer national juif en terre d’Israël. Mais depuis la naissance de l’État hébreu en 1948, les notions de sionisme et d'antisionisme ont évolué. L'antisionisme est depuis régulièrement associé à la haine de l’État d’Israël.

Emmanuel Macron au dîner du Crif : "Il est venu le temps des actes"

“L’antisémitisme, c'est la question de la République"

“Il est venu le temps des actes”, a-t-il ajouté, avant de dérouler une série de mesures visant à renforcer la lutte contre l'antisémitisme en France   : soutien financier accru au Mémorial de la Shoah, audit sur les établissements touchés par le phénomène de déscolarisation des enfants juifs, dissolution de groupes extrémistes tels que le Bastion social.

C’est sur le sujet de la haine sur Internet que le président français s’est montré le plus combatif. Il a promis qu’une proposition de loi serait portée par la députée Laetitia Avia dès la prochaine session parlementaire. Elle devrait permettre d’obtenir le retrait des contenus haineux dans de meilleurs délais et mettre devant leurs responsabilités utilisateurs et plateformes. Le président français s’est montré plus circonspect sur la question de l’anonymat sans l’exclure totalement   : “La question de la levée de l’anonymat se pose”, concède-t-il. “Mais il faudra y réfléchir à deux fois avant de prendre cette voie.”

Plus tôt, Francis Kalifat avait rappelé que 80   % des victimes d’actes antisémites ne le signalent pas à la police car ils pensent que cela ne changerait rien. “Porter plainte sert-il encore à quelque chose   ?”, a-t-il demandé au président de la République. Ce dernier lui a répondu que des brigades de gendarmerie spécialisées dans la lutte contre l’antisémitisme seraient créées.

“L’antisémitisme, c'est la question de la République et de la France. Nous tiendrons et à la fin, nous gagnerons”, a promis le président sous une salve d'applaudissements.

Dans le public, une Marseillaise est spontanément entonnée en écho à la conclusion d'Emmanuel Macron. Ce dernier, en quittant l'estrade, échange une courte accolade avec Francis Kalifat, comme pour joindre les gestes à la parole.