Trois mois jour pour jour après le début du mouvement, les Gilets jaunes étaient de nouveau dans la rue, samedi, pour leur acte XIV. Une journée notamment marquée par des injures antisémites à l'encontre de l'intellectuel Alain Finkielkraut.
Trois mois de mouvement quasiment jour pour jour après le début de leur mouvement, les Gilets jaunes ont donné, samedi 16 février, le coup d'envoi de leur 14e week-end de mobilisation nationale, avec des mots d'ordre et moyens d'actions parfois différents.
Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs grandes villes de France, notamment à Paris où un premier cortège clairsemé s'est élancé de la place de l'Étoile. Au total, trois manifestations et quatre rassemblements, étalés sur toute la journée, ont été déclarés auprès de la préfecture de police de Paris.
#Paris Reprise de la marche dans le calme. Des milliers de gilets jaunes défilent dans la capitale.#GiletsJaunes #ActeXIV #Acte14 #16Fevrier #16fevrier2019 pic.twitter.com/rLSTnwkvGr
Stéphanie Roy (@Steph_Roy_) 16 février 2019Alain Finkielkraut injurié par des Gilets jaunes
Le philosophe et académicien Alain Finkielkraut a été injurié, samedi, en marge de la manifestation parisienne dans le quartier de Montparnasse. Sur des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on peut voir plusieurs manifestants s'adresser à l'intellectuel de confession juive avec ces mots : "nous sommes le peuple", "la France elle est à nous", "sale sioniste de m..."... Le philosophe avait apporté son soutien aux Gilets jaunes au début du mouvement avant de déplorer, dans un entretien au Figaro publié vendredi, la tournure des événements du fait notamment de l'"arrogance" affichée par les chefs de file.
Samedi soir, Emmanuel Macron a dénoncé sur Twitter "les injures antisémites dont Alain Finkielkraut a fait l’objet" en les dénonçant comme "la négation absolue de ce que nous sommes et de ce qui fait de nous une grande nation". "Nous ne les tolèrerons pas", a-t-il ajouté.
Les injures antisémites dont il a fait l’objet sont la négation absolue de ce que nous sommes et de ce qui fait de nous une grande nation. Nous ne les tolèrerons pas.https://t.co/WSUTuJmQWX
Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 16 février 2019Plus tôt, plusieurs responsables politiques, dont des membres du gouvernement, avaient condamné fermement ces faits. "Un déferlement de haine à l'état pur que seule l'intervention de la police a interrompu. Assister à une telle scène à Paris, en 2019, est tout simplement INTOLÉRABLE. Je viens de m'entretenir avec Alain Finkielkraut pour l'assurer de mon soutien absolu", a notamment écrit sur Twitter le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner.
La mobilisation se poursuit en région
Un total de 41 500 personnes se sont mobilisées samedi en France, dont 5 000 à Paris, dans le cadre de l'acte XIV des Gilets jaunes, selon le ministère de l'Intérieur. Ils étaient 51 400, dont 4 000 à Paris, la semaine précédente, toujours selon Beauvau, dont les chiffres sont régulièrement contestés par les Gilets jaunes qui concèdent seulement une stagnation en s'appuyant sur "le nombre jaune", une communauté sur les réseaux sociaux qui compile les différents chiffres de la presse locale et des analyses d'images des manifestions
Une fois n'est pas coutume, le mouvement doit continuer dimanche dans la capitale, avec une manifestation et un rassemblement déclarés.
À Bordeaux, 4 500 Gilets jaunes, selon la police, ont défilé dans le centre de la ville confortée comme l'une des places fortes du mouvement. La manifestation s'est terminée par des heurts, désormais habituels, avec les forces de l'ordre.
À Rouen, quatre Gilets jaunes ont été légèrement blessés par une voiture qui a tenté de traverser leur manifestation samedi après-midi. Quatre hommes âgés de 24, 32, 42 et 47 ans, selon les pompiers, ont été transportés au CHU à la suite de l'incident. Ils souffrent de "traumatismes légers".
À Strasbourg, 110 Gilets jaunes, selon la police, ont participé à l'unique rassemblement prévu samedi matin.
En Meurthe-et-Moselle, des Gilets jaunes étaient de retour sur les ronds-points où avaient commencé les premières mobilisations en novembre, notamment à Pont-à-Mousson ou Essey-lès-Nancy.
Lancée le 17 novembre, cette contestation inédite voit le large soutien populaire dont elle bénéficiait s'effriter : pour la première fois, une majorité de Français (56 %) souhaitent que la mobilisation s'arrête, selon un sondage Elabe diffusé mercredi. Et presque deux tiers des sondés (64 %) pensent que les manifestations hebdomadaires "se sont éloignées des revendications initiales du mouvement", centrées notamment sur le pouvoir d'achat, la démocratie directe et les prix du carburant.
De son côté, le gouvernement tente de désamorcer la contestation avec son "grand débat national", lancé le 15 janvier par Emmanuel Macron et appelé à se poursuivre jusqu'à la mi-mars.
Avec AFP et Reuters