
Alors que le Congrès a adopté jeudi la loi de financement pour éviter un nouveau "shutdown", Donald Trump a l'intention de déclarer l'"urgence nationale" pour boucler le budget du mur qu'il veut ériger à la frontière avec le Mexique.
Rien n'arrêtera Donald Trump. La Maison Blanche a confirmé jeudi 14 février l'intention du président américain de déclarer l'"urgence nationale" pour financer l'infrastructure promise pendant sa campagne.
"Le président signera la loi sur le financement du gouvernement fédéral et, comme il l'a déjà dit, agira aussi par décrets afin de mettre fin à la crise de sécurité nationale et humanitaire à la frontière", a indiqué Sarah Sanders, porte-parole de l'exécutif américain. "Une nouvelle fois, le président tient sa promesse de construire le mur, de protéger la frontière et d'assurer la sécurité de notre grand pays", a-t-elle ajouté.
La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a annoncé qu'elle pourrait contester en justice ce recours à l'urgence nationale. "Ce qui se passe à la frontière mexicaine ne constitue pas une urgence", a-t-elle plaidé. "S'il agissait de la sorte, a poursuivi l'élue de Californie, Trump créerait un précédent inquiétant, y compris pour les républicains."

Le Sénat américain a approuvé jeudi à une écrasante majorité le compromis budgétaire négocié, peu après l'annonce que Donald Trump ne bloquerait pas cet accord mais allait déclarer l'"urgence nationale". La Chambre des représentants, à majorité démocrate, l'a adopté à son tour plus tard dans la soirée.
Éviter une nouvelle impasse
Mais cet accord ne comprend qu'un quart du budget réclamé par Donald Trump pour construire son mur de 1,4 milliard de dollars et ne mentionne pas le mot "mur", préférant "barrière" ou "clôture". Certains commentateurs et élus ultraconservateurs, qui ont l'oreille de Donald Trump, ont durement critiqué le texte.
Selon une source proche du dossier, la Maison Blanche a identifié quelque 2,7 milliards de dollars de financements existants qui pourraient être réorientés sur le projet de mur dans le cadre de cette urgence nationale.
Une loi votée en 1976, le "National Emergencies Act", autorise le président des États-Unis à invoquer une "urgence" nationale pour activer des pouvoirs extraordinaires – des pouvoirs qui pourraient permettre à Donald Trump de contourner le Congrès et de s'appuyer sur l'armée pour construire l'édifice qu'il réclame.

Tous les présidents ont fait usage de ces dispositions mais dans des circonstances différentes. George W. Bush avait notamment décrété l'urgence après les attentats du 11 septembre 2001 et Barack Obama en avait fait de même lors de l'épidémie de grippe H1N1.
"Déclarer l'urgence nationale dans ce cas serait une erreur", a ainsi commenté la sénatrice républicaine Susan Collins jeudi soir. Si un blocage de cette déclaration par le Congrès paraît difficile, compte tenu de l'équilibre des forces, des poursuites judiciaires pourraient être lancées.
"Honte à tout membre du Congrès qui ne s'opposera pas clairement et vigoureusement à cette invocation illégitime" d'une urgence nationale, a tonné la puissante organisation américaine de défense des droits civiques ACLU.
Avec AFP et Reuters