logo

Malgré la feuille de route, des questions cruciales demeurent

, envoyé spécial à La Rochelle – Si militants et responsables socialistes saluent l'adoption du principe des primaires ouvertes pour désigner leur candidat à la présidentielle de 2012, d'autres débats, telle l'alliance avec les centristes du MoDem, sont loin d’être tranchés.

"J’ai la feuille de route dont j’avais besoin", se félicite le "quadra" Pierre Moscovici après le discours prononcé par Martine Aubry, en ouverture de l’université d’été du Parti socialiste (PS), à La Rochelle, ce vendredi. En proposant une consultation des militants le 1er octobre, puis la tenue de primaires ouvertes à toute la gauche sans doute "au premier semestre de 2011", la première secrétaire du PS a marqué des points. Et a même pu s'offrir le luxe d'un bain de foule au cours duquel bon nombre de socialistes ont tenu à la féliciter.

 

Ainsi, le trublion Manuel Valls qui avait, dans un premier temps, refusé de venir à La Rochelle, affichait un air satisfait. Il a salué "une belle victoire pour tous ceux qui veulent la rénovation".

 
Le strauss-khanien Jean-Christophe Cambadélis, qui "ne veut pas de présidentiable à la tête du parti", estime pour sa part que les primaires permettront d’évacuer la question et de travailler "au rassemblement".


De passage en salle de presse, le fabiusien Claude Bartolone a, quant à lui, confié à quelques journalistes qu’il en est enfin terminé "des universités d’été à l’ambiance délétère".

Malgré tout, au sein de la grande famille socialiste, les sujets de discorde ne devraient pas tarder à refleurir. Sur la question des modalités des primaires, par exemple. Lieutenant de Ségolène Royal et ardent défenseur de primaires ouvertes à l'instar de l’ex-candidate à la présidentielle, Jean-Louis Bianco  trouve ainsi le projet actuel "un peu compliqué". Celui-ci se dit notamment "opposé aux système de parrainages" qui obligerait les candidats à recueillir un certain nombre de signatures parmi les caciques du parti.

 
"Quand on veut négocier, on ne s’y prend pas comme ça"

 
Toutefois, le vrai sujet qui fâche reste encore et toujours, ce vendredi, le rapprochement avec les centristes du Mouvement démocrate (MoDem) de François Bayrou. Vincent Peillon, qui a devancé la grand-messe de La Rochelle en organisant, le week-end dernier, à Marseille une réunion œcuménique ratissant des communistes au centristes, avait le sourire. "Il faut effectivement élargir [les alliances, ndlr] aux forces progressistes, dont fait partie le MoDem", a-t-il déclaré. Manuel Valls a immédiatement embrayé par un "d’accord avec tout ce que dit Vincent", l’embrassant au passage comme du bon pain devant les caméras.

 



À l’instar du secrétaire national à la Rénovation, Arnaud Montebourg, d’autres responsables socialistes préfèrent, eux, rester prudents : "Pour moi, le MoDem est un ovni politique. On sait où il a décollé - à droite -, mais on ne sait pas où il va atterrir", a-t-il lancé, jamais avare d'un bon mot.

 
Sur ce point non plus, Jean-Louis Bianco, favorable au rapprochement avec les centristes, ne délivre pas de satisfecit à Martine Aubry, et critique"la manière dont [elle] leur a entrouvert la porte". "Quand on veut négocier avec quelqu’un, on ne s’y prend pas comme ça", a-t-il renchérit, une bière à la main.

 
Dans son discours d’ouverture, la première secrétaire a demandé des clarifications préalables sur les propositions du MoDem et sur leur soutien aux candidats de gauche lors des européennes de 2010.

 
Si la patronne des socialistes a réussi à apaiser les tensions sur les primaires, le sujet d’une alliance avec le MoDem risque donc fort de faire apparaître de nouvelles lignes de fracture d'ici dimanche.