![Devant le tribunal de Tokyo, Carlos Ghosn se dit "faussement accusé" Devant le tribunal de Tokyo, Carlos Ghosn se dit "faussement accusé"](/data/posts/2022/07/24/1658636353_Devant-le-tribunal-de-Tokyo-Carlos-Ghosn-se-dit-faussement-accuse.jpg)
Pour la première fois depuis son arrestation le 19 novembre, le patron de Renault Carlos Ghosn a comparu mardi devant le tribunal de Tokyo. Face au juge, amaigri et menotté, il s'est dit "faussement accusé et détenu de manière injuste".
Amaigri, menotté, avec une corde autour de la taille : c'est ainsi qu'est apparu devant le juge Carlos Ghosn, mardi 8 janvier à Tokyo. Le PDG de Renault a assuré avoir été "faussement accusé et détenu de manière injuste", lors de sa première comparution au tribunal, près de deux mois après son arrestation surprise à Tokyo.
Lors d'une audience de presque deux heures qui s'est tenue à sa demande, le magnat de l'automobile de 64 ans s'est défendu d'une voie claire et forte, sans montrer d'émotion. S'exprimant en anglais, il a rappelé avoir dédié "deux décennies de sa vie à relever Nissan et bâtir l'alliance", une entreprise qu'il dit aimer. Le dirigeant franco-libano-brésilien affirme "avoir agi avec honneur, légalement et avec la connaissance et l'approbation des dirigeants de la compagnie", selon une déclaration écrite qu'il a lue.
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Il a assuré n'avoir nullement fait couvrir des pertes personnelles à Nissan et a détaillé les transactions pour lesquelles il est accusé d'abus de confiance, assurant que les sommes versées par une filiale de Nissan à un homme d'affaires saoudien l'ont été en rétribution de services rendus pour aider le groupe dans la région du Golfe.
Risque de fuite, selon le juge
Le juge a justifié de son côté son maintien en détention par un risque de fuite à l'étranger "où il a des bases" et d'altération de preuves. "Il y a suffisamment d'éléments pour estimer que le suspect pourrait inciter des personnes concernées à dissimuler des infractions", a argué le magistrat, Yuichi Tada.
Dès les premières heures de la matinée, une longue queue s'était formée devant le tribunal. Plus d'un millier de personnes ont patienté dans le froid pour tenter de décrocher une des rares places : seulement 14 tickets ont été alloués par tirage au sort à des membres du public, pour assister à la comparution du célèbre accusé.
L'ambassadeur de France présent
L'ambassadeur de France au Japon, Laurent Pic, était présent "dans le cadre de la protection consulaire", selon un porte-parole de l'ambassade. Tout comme celui du Liban et le consul du Brésil, d'après la chaîne de télévision publique NHK.
Cette audience avait été réclamée par les avocats de Carlos Ghosn pour qu'il connaisse les motifs de sa détention, selon l'annonce faite la semaine dernière par le tribunal du district de Tokyo. La procédure est rare, seulement 0,6 % des détenus ont fait une telle requête l'an dernier. Elle n'a quasiment aucune chance de changer le cours des choses mais la portée symbolique est forte pour Carlos Ghosn, qui a là une occasion de rompre le silence médiatique dans lequel il est muré depuis plusieurs semaines.
On entendra aussi enfin la voix de son équipe d'avocats, menée par un ancien procureur, Motonari Otsuru. Très discrets depuis le début de l'affaire, ils ont prévu de tenir une conférence de presse mardi après-midi dans la foulée de l'audience.
Vers une libération prochaine ?
Carlos Ghosn a été mis en examen le 10 décembre pour dissimulation aux autorités boursières d'une partie de ses revenus perçus chez Nissan : environ 5 milliards de yens (38 millions d'euros) sur cinq années, de 2010 à 2015.
À l'issue de cette première garde à vue, il a fait l'objet d'un nouveau mandat d'arrêt pour une minoration similaire d'émoluments, mais cette fois entre 2015 et 2018, puis d'un troisième, pour abus de confiance. Il est notamment accusé d'avoir effectué des virements d'un compte de Nissan au bénéfice d'un ami saoudien.
Quand Carlos Ghosn peut-il être libéré ? Après des espoirs déçus en décembre, il arrive vendredi au bout de sa troisième garde à vue, mais il pourrait rester en prison dans l'attente de son procès ou même être arrêté sur de nouvelles charges.
De son côté, Nissan a déclaré mardi qu’une enquête interne avait permis de mettre au jour des preuves substantielles et convaincantes de fautes commises par Carlos Ghosn. "L'enquête de la compagnie se poursuit, et son champ continue de s'élargir", a répété la compagnie, disant que sa décision de limoger Carlos Ghosn était irrévocable.
Avec AFP et Reuters