Le conseiller américain à la Sécurité, John Bolton, venu à Ankara s'entretenir sur le retrait américain prévu de Syrie, n'a finalement pas rencontré le président turc Erdogan. Ce dernier lui reproche d'avoir plaidé la cause des Kurdes.
La rencontre n’a pas eu lieu. John Bolton, conseiller de Donald Trump à la Sécurité nationale, a quitté mardi 8 janvier la Turquie sans avoir été reçu par Recep Tayyip Erdogan, contrairement à ce qui était attendu. Le président turc reproche au responsable américain d'avoir plaidé en faveur des miliciens kurdes alliés de Washington dans le nord de la Syrie, qu'Ankara considère comme des terroristes.
Pour Erdogan, John Bolton "a commis une lourde erreur" en demandant à son homologue turc, Ibrahim Kalin, qui est également porte-parole de la présidence, des garanties pour la protection des miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) après le retrait des 2 000 soldats américains de Syrie.
"Des voix discordantes"
La Turquie fera face à ces miliciens comme elle fait face aux jihadistes de l'État islamique (EI), a assuré le président turc. "Quand on a affaire à des terroristes, d'où qu'ils viennent, on prend les mesures qui s'imposent", a-t-il dit devant les députés de l'AKP, son parti. "Bolton a commis une lourde erreur (...) Il n'est pas possible pour nous de faire des compromis sur cette question", a-t-il ajouté.
Il a souligné que la Turquie était parvenue à un accord tout à fait clair avec le président Donald Trump sur le retrait des forces américaines de Syrie, mais que "des voix discordantes" s'étaient depuis élevées au sein du gouvernement américain.
Selon un responsable américain, les Turcs ont assuré à John Bolton qu'ils ne lanceraient pas d'offensive contre les Kurdes de Syrie tant que les soldats américains seront dans ce pays.
"Un énorme mensonge"
Bolton était accompagné en Turquie par le chef d'état-major interarmes, le général Joseph Dunford, et par l'émissaire spécial pour la Syrie, James Jeffrey.
Recep Tayyip Erdogan a par ailleurs affirmé devant les élus de son parti au Parlement que le combat des Kurdes de Syrie contre l'EI était "un énorme mensonge". Les YPG et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui lutte pour l'autonomie des Kurdes de Turquie, ne forment "qu'une seule et même organisation" a-t-il poursuivi.
Le président turc a par ailleurs réitéré la menace qu'il brandit depuis des mois de lancer une offensive militaire contre les YPG pour les chasser de la zone qu'ils contrôlent dans le nord de la Syrie, le long de la frontière turque.
Les YPG ont été le fer de lance des Forces démocratiques syriennes (FDS), qui ont mené avec le soutien de la coalition internationale sous commandement américain la lutte contre l'EI en Syrie, dont la reconquête de Raqqa.
"Un retrait réfléchi et coordonné"
La Maison Blanche a démenti lundi tout revirement sur le retrait des quelque 2 000 soldats américains déployés en Syrie de la part du président américain, qui avait laissé entendre la veille que le processus pourrait prendre plus de temps que prévu.
Donald Trump et son homologue français Emmanuel Macron se sont aussi entretenus au téléphone à ce sujet lundi soir et ont dit s'être entendus sur "un retrait réfléchi et coordonné des troupes américaines".
Ibrahim Kalin a souligné mardi que la vingtaine de bases américaines en Syrie devaient, après le retrait, être abandonnées ou remises à des "éléments locaux".
Avec Reuters