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Le nouveau président du Brésil, Jair Bolsonaro, doit être investi, mardi 1er janvier 2019, à Brasilia, où d'importantes mesures de sécurité ont été déployées.

Depuis plusieurs jours au Brésil, l'impressionnant dispositif de sécurité prévu pour l'investiture du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, mardi 1er janvier, est au cœur des préoccupations des autorités, qui peaufinent les derniers détails.

"La fête est prête. La sécurité sera assurée. Ce sera le couronnement d'un processus démocratique qui a débuté le 7 octobre (le jour du premier tour de la présidentielle)", a affirmé le ministre du Cabinet de sécurité institutionnelle, Sergio Etchegoyen.

L'arrivée au pouvoir de l'ex-capitaine de l'armée marquera un virage radical pour la première puissance d'Amérique latine, aussi bien sur le plan de l'économie que de la diplomatie ou des questions de société.

Personnage clivant, chantre de la dictature militaire (1964-1985) et volontiers raciste, machiste ou homophobe, Jair Bolsonaro, 63 ans, aura pour défi d'unir un pays profondément divisé par une campagne délétère, notamment sur les réseaux sociaux.

Le 6 septembre, l'ancien parachutiste a frôlé la mort lors d'un attentat à l'arme blanche en plein bain de foule. C'est pourquoi rien ne sera laissé au hasard pour son investiture : système antimissile, avions de chasse, hélicoptères survolant le centre de cette ville futuriste en forme d'avion inaugurée au début des années 1960. Un dispositif sans précédent pour une investiture, qui n'a rien à envier à celui du Mondial-2014 ou des Jeux Olympiques de Rio-2016.

En présence de Netanyahou et d’Orban, le Brésil se prépare à l'investiture de Jair Bolsonaro

Dimanche, une répétition générale de cette cérémonie a eu lieu sur l'Esplanade des ministères, qui doit accueillir mardi de 250 000 à 500 000 personnes, selon les dernières estimations officielles. Tous les accès à la zone sont déjà interdits à la circulation et les piétons ne pourront pas apporter de sac à dos, de parapluie, ni même de poussette.

"Je ne veux pas en rater une miette"

Pas de quoi doucher l'enthousiasme des partisans du président d'extrême droite, qui ont commencé à affluer tout au long de la semaine dernière, arborant pour la plupart des maillots jaunes et verts de l'équipe nationale de football.

"Je ne veux pas en rater une miette. Je n'ai jamais été fan de personne, pas même de chanteurs, mais j'adore Bolsonaro", a déclaré à l'AFP Maria do Carmo Mustafa, enseignante de 62 ans venue de Piracaia, petite ville située à 90 km de Sao Paulo (sud-est).

En revanche, les partis de gauche, dont le Parti des travailleurs (PT), ont annoncé vendredi leur intention de boycotter l'investiture. "Nous sommes en désaccord avec des discours et des actions qui encouragent la haine, l'intolérance et la discrimination. Et nous n'acceptons pas que de telles pratiques deviennent un instrument du combat politique", affirme le PT dans un communiqué signé par sa présidente, la sénatrice Gleisi Hoffmann, et les leaders du parti au Sénat, Lindbergh Farias, et à la Chambre des députés, Paulo Pimenta.

Le dispositif de sécurité concerne aussi les dirigeants étrangers qui font le déplacement, notamment le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Au Brésil depuis vendredi, il a déjà eu un tête-à-tête avec Jair Bolsonaro le jour même, à Rio de Janeiro.

En présence de Netanyahou et d’Orban, le Brésil se prépare à l'investiture de Jair Bolsonaro

"Ensemble, avec d'autres pays comme les États-Unis, qui ont une idéologie semblable à la nôtre, nous avons tout pour nous entraider et apporter des bienfaits à nos pays", avait déclaré le président élu du Brésil, et fervent admirateur de Donald Trump, à l'issue de cette rencontre.

Le Président américain ne sera pas à Brasilia. C’est son secrétaire d’État Mike Pompeo qui fera le déplacement avec au menu, notamment, un entretien, mardi, avec Benjamin Netanyahou.

Autre dirigeant à l'"idéologie semblable", le Premier ministre hongrois ultra-conservateur Viktor Orban sera également de la fête.

Des mesures chocs attendues rapidement

Une fois investi en grande pompe pour un mandat de quatre ans, le 38e président de la République du Brésil devrait rapidement prendre des mesures choc. Lundi, il a réaffirmé sur Twitter vouloir libérer l'enseignement des "déchets marxistes".

Uma das metas para tirarmos o Brasil das piores posições nos rankings de educação do mundo é combater o lixo marxista que se instalou nas instituições de ensino. Junto com o Ministro de Educação e outros envolvidos vamos evoluir em formar cidadãos e não mais militantes políticos.

  Jair M. Bolsonaro (@jairbolsonaro) 31 décembre 2018

Samedi, il a également dit sur le même réseau social qu'il entendait faire passer un décret pour garantir le droit de posséder une arme à domicile pour tout citoyen sans casier judiciaire. Une décision qui assouplirait considérablement la législation actuelle.

Même si Jair Bolsonaro entend faciliter l'accès aux armes pour que les "gens bien" puissent se faire justice face à la violence qui frappe le pays, sa position est toutefois loin de faire l'unanimité. Un sondage publié lundi par l'institut Datafolha indique que 61 % des Brésiliens sont opposés à la détention d'armes par la population, contre 55 % lors de la dernière enquête de ce type, en octobre.

Autre défi de taille pour le gouvernement Bolsonaro : redonner des couleurs à une économie qui tourne encore au ralenti après la récession historique de 2015 et 2016. Le futur ministre de l'Économie Paulo Guedes, un ultra-libéral, a prévu de privatiser à tour de bras pour remplir les coffres publics. Mais il aura également besoin du soutien du Parlement pour faire passer l'épineuse réforme des retraites jugée cruciale par les marchés.

Avec AFP