Plus de 280 personnes ont été tuées dans le tsunami qui a touché samedi les côtes de Sumatra et de Java. En raison des deux plaques tectoniques qui s’y rencontrent, l’Indonésie est une zone de forte activité sismique et volcanique.
Samedi 22 décembre, aux alentours de 21h30, heure locale, deux vagues ont submergé les côtes du détroit indonésien de la Sonde, déferlant sur plusieurs plages très touristiques et provoquant la mort d'au moins 222 personnes. À l’origine de ce drame : l’activité de l’Anak Krakatoa, volcan né il y a environ 90 ans entre les îles de Java et Sumatra.
Depuis plusieurs jours, celle-ci s’est intensifiée et des remontées de magma ont provoqué de petits séismes à l’origine d’un glissement de terrain sous-marin. "On parle d’activités volcaniques. L’éruption n’a pas eu lieu, ce sont des petits séismes volcaniques qui ont fait trembler le volcan. Ils ont déstabilisé des flancs du volcan et ont provoqué des glissements de terrain", explique Franck Lavigne, directeur du laboratoire de géographie physique de Meudon, interrogé par France 24.
Une partie de l’Anak Krakatoa se trouvant sous l’eau, "au lieu de simplement causer un glissement de terrain, vous obtenez un glissement de terrain sous-marin qui pousse l’eau à mesure qu’il se déplace", a expliqué à la BBC la vulcanologiste Jess Phoenix. Ces déplacements de masses d’eau importantes peuvent alors provoquer un tsunami.
"Les tsunamis liés à des glissements de terrain sont les plus difficiles à détecter"
Selon Franck Lavigne, ces phénomènes sont extrêmement difficiles à prévoir. "Des séismes volcaniques comme celui-ci, il y en a sans arrêt au Krakatoa ou ailleurs en Indonésie. Donc, si on devait déclencher une alerte à chaque fois que ça tremble un peu, elle serait déclenchée tous les jours quasiment". "Les tsunamis liés à des glissements de terrain sont les plus difficiles à détecter", ajoute-t-il.
Le chercheur souligne le risque que représentent ces séismes volcaniques lorsqu’ils sont liés à d’autres événements climatiques. "Ici il y a eu de fortes marées, mais aussi des fortes pluies et des vents violents. On était presque en situation de tempête dans la matinée de samedi", rappelle-t-il. L’agence indonésienne de géologie a elle aussi avancé que les hautes vagues coïncidant avec la nuit de pleine lune de samedi ont pu renforcer le tsunami.
D’une manière générale, les activités volcaniques et sismiques sont extrêmement intenses dans l’archipel indonésien. "L’Indonésie est une zone de subduction, c’est-à-dire une zone dans laquelle une plaque descend sous une autre", explique Raphaële Moeremans, géologue et géophysicienne spécialiste de la région indonésienne, contactée par France 24.
"Ici la plaque de l’océan Indien descend sous la plaque eurasienne sur laquelle se trouve l’archipel indonésien. Or, quand une plaque descend, sa roche commence à fondre à cause de la chaleur et de la pression qu’il y a sous la terre. C’est ce processus qui est à l’origine de la création de volcans dans cette zone", précise la chercheuse.
"Ceinture de feu"
Située sur la "ceinture de feu" qui relie "toutes les zones de subduction" et fait le tour du bassin Pacifique, l’Indonésie subit régulièrement des séismes et la catastrophe de samedi est loin d‘être la première dans cette zone.
En 1883, l’éruption du Krakatoa - à partir duquel est né l’Anak Krakatoa, "l’enfant" de Krakatoa en indonésien - avait perturbé la météo dans la région pendant des années. Le volcan avait alors craché des cendres à plus de 20 kilomètres de hauteur en une série d'explosions puissantes qui avaient été entendues en Australie, et jusqu'à 4 500 kilomètres de là, près de l'île Maurice.
En 2004, un tsunami consécutif à un séisme de 9,3 au large de Sumatra avait tué 220 000 personnes sur les côtes de l'océan Indien, dont 168 000 en Indonésie.
Fin septembre, un tsunami a provoqué par un tremblement de terre de magnitude 7,5 a dévasté la ville de Palu et ses environs, dans les Célèbes, faisant des milliers de morts.