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Rosavto, un géant russe pour traverser la crise

Alors que le secteur automobile russe est frappé de plein fouet par la crise, Moscou a décidé de créer une nouvelle structure contrôlée par l'État. Baptisée Rosavto, elle regroupera trois constructeurs, dont le géant Avtovaz.

AFP - La Russie, soucieuse de venir en aide à un secteur automobile qui bat de l'aile, s'apprête à réunir trois de ses constructeurs, dont le géant Avtovaz, dans une holding contrôlée par l'Etat, une initiative qui laisse les analystes sceptiques.

La nouvelle structure, baptisée "Rosavto", rassemblera les actifs automobiles de l'entreprise publique Rostekhnologui, qui détient 25% du constructeur Avtovaz, 37,8% du fabricant de poids lourds Kamaz et 30% de l'usine de moteurs Avtodizel, a indiqué à la télévision russe Igor Zavialov, directeur adjoint de Rostekhnologui.

"Il est prévu que cette holding sera composée de quatre sous-holdings", a-t-il précisé.

La première se concentrera sur "les véhicules légers", la deuxième sera basée sur "les poids lourds", la troisième sur les "composants automobiles", et la quatrième les "moteurs", a-t-il expliqué.

Le responsable a par ailleurs indiqué que la direction de la holding se ferait à travers le conseil d'administration et le directeur général, dans des propos rapportés par l'agence Ria Novosti.

"Le conseil d'administration sera dirigé par (le patron de Rostekhnologui, ndlr) Sergueï Tchemezov. Au poste de directeur général, Rostekhnologui a proposé (le chef de Kamaz, ndlr) Sergueï Kogoguine. M. Kogoguine a donné son accord", a ajouté M. Zavialov.

Avtovaz a par ailleurs annoncé mardi la démission de son président, Boris Aliochine, indiquant que celui avait l'intention de changer de poste, sans donner plus de précision.

La création de cette nouvelle structure a été approuvée par le français Renault qui possède aussi 25% d'Avtovaz, et l'allemand Daimler qui détient 10% de Kamaz, a encore souligné M. Zavialov.

"Compte tenu des relations de partenariat et des relations de long terme avec les investisseurs privés et les entreprises étrangères (...), bien sûr nous avons mené des négociations préliminaires et obtenu leur approbation", a-t-il dit.

La création de cette structure avait été évoquée dès lundi dans la presse russe et avait été bien accueillie par les investisseurs, faisant bondir les titres Avtovaz et Kamaz sur le Micex, l'une des deux Bourses de Moscou. Mais mardi, les deux actions avaient toutefois perdu du terrain, lâchant respectivement 5,32% et 2,61%.

Car cette opération laisse sceptiques les analystes.

"Il est difficile de chercher un sens économique" dans cette union, estimait mardi dans un éditorial Dmitri Belikov, journaliste du quotidien russe Kommersant.

Même avis pour Gueorgui Ivanine, analyste chez Alfa Bank. "D'abord, il est difficile de voir une quelconque synergie dans l'unification du producteur de voitures particulières et le fabricant de poids lourds", estime-t-il dans une note.

"Par ailleurs, le processus de prise de décision dans les deux entreprises risque d'être ralenti alors que la structure de management devient plus compliquée", ajoute-t-il.

Le secteur automobile russe a été durement touché par la crise économique et l'écroulement des ventes de voitures dans le pays.

Selon l'Association of European Business (AEB), les ventes de voitures particulières et de véhicules utilitaires légers se sont effondrées de 58% en juillet sur un an et de 50% sur les sept premiers mois de l'année.

En août, Avtovaz, principal constructeur du pays, a suspendu pour un mois la production de son usine géante de Togliatti, sur les bords de la Volga, pour écouler son stock de voitures invendues. De septembre à février, la semaine de travail doit y être réduite à 20 heures. Kamaz a aussi suspendu pour un mois sa production de poids lourds en août.