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Vox, le parti sorti de nulle part qui relance l'extrême droite en Espagne

Pour la première fois depuis la mort de Franco en 1975, une formation d'extrême droite va siéger dans un parlement régional en Espagne. Encore inconnu il y a quelques mois, le parti Vox entend désormais s'imposer sur la scène politique nationale.

En entrant en force pour la première fois dans un parlement régional, en Andalousie, l'extrême droite, quasi absente du paysage depuis la mort de Franco, a rebattu les cartes sur la scène politique espagnole.

Premier test électoral depuis l'arrivée du socialiste Pedro Sanchez à la tête du gouvernement espagnol en juin, ces élections anticipées dans la région la plus peuplée d'Espagne, et fief du parti socialiste, ont provoqué, dimanche 2 décembre, un "tremblement de terre" qui "change le panorama politique national", juge El Pais, le plus grand quotidien généraliste du pays.

Et ce à l'aube d'une année électorale extrêmement chargée en 2019 avec les européennes, les municipales et les régionales le 26 mai, ainsi que de très probables élections législatives dans l'année, Pedro Sanchez dirigeant un gouvernement minoritaire et ne réussissant pas à faire adopter son budget.

Démobilisation de la gauche et la fragmentation de la droite

Né en 2013, Vox, dirigé par Santiago Abascal, est le premier parti d'extrême droite à obtenir des sièges dans un parlement régional depuis le rétablissement de la démocratie à la mort du dictateur Francisco Franco en 1975.

Avec 12 députés, il pèsera dans la formation de la majorité parlementaire dans la région méridionale d'Andalousie. Le Parti populaire (PP, droite) et Ciudadanos (centre droit) n'ont pas exclu une alliance avec Vox.

Selon les analystes, le parti, qui a tiré profit en Andalousie de la démobilisation de la gauche au pouvoir depuis 36 ans dans cette région et de la fragmentation de la droite, va s'amplifier sur la scène nationale. Le parti "est entré par la grande porte en Espagne" et "va commencer à monter rapidement dans les sondages au niveau national", estime Pablo Simon, de l'université madrilène Carlos III, interrogé par l’AFP. Et d’ajouter : "il n’y a aucun doute sur le fait qu'il va obtenir des sièges aux municipales, aux européennes et aux régionales" de mai.

Sous-évalué dans les sondages en Andalousie qui ne lui donnaient que cinq sièges maximum, Vox pourrait aussi l'être dans les sondages nationaux qui évoquaient récemment la possibilité qu'il obtienne un député en cas d'élections législatives anticipées. S’il entrait au parlement espagnol, cela serait la première fois que l'extrême droite y siégerait depuis 1982.

Au-delà des arguments populistes notamment sur l'immigration, le vote en faveur de Vox, qui prône l'interdiction des partis indépendantistes catalans, a prospéré sur la question de la tentative de sécession de la Catalogne l'an dernier. Un thème qui a aussi profité à Ciudadanos, l'autre grand gagnant des élections andalouses avec 21 sièges.

Avec AFP