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Des images satellite révèlent l’emplacement de 13 bases nord-coréennes de missiles

Un nouveau rapport d'analystes américains produit des images satellites qui indiquent l’emplacement de 13 bases opérationnelles de missiles balistiques nord-coréens, jusqu'ici inconnues du grand public.

C’est une base militaire à un peu plus de 80 km au nord de la frontière entre les deux Corées, où Pyongyang peut stocker des missiles balistiques qui menacent directement Séoul. Elle fait partie de treize sites similaires dont l’existence a été révélée par un rapport du Center for Strategic and International Studies (CSIS), un cercle de réflexion américain, publié lundi 12 novembre. C’est la première fois que le grand public peut constater concrètement la menace que la Corée du Nord fait peser sur la paix mondiale.

Identifiées à partir d’images satellites commerciales, ces bases opérationnelles, c’est-à-dire en activité, ne servent pas à lancer des missiles, mais permettent de les entreposer et de les déployer rapidement pour pouvoir être tirés depuis des sites à proximités. “Ces sites font partie du programme de développement des missiles mobiles, qui sont plus difficiles à intercepter”, explique Antoine Bondaz, spécialiste de la Corée du Nord à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), contacté par France 24.

Kim Jong-un, le “menteur” ?

Ces bases, dont le nombre total se situe entre 20 et 60, forment trois “ceintures”. La première, la plus proche de la frontière avec la Corée du Sud, sert à entreposer les missiles à plus courtes portées, tandis que celle qui se trouve le plus au nord, vers la frontière chinoise, abrite les armes les plus sophistiquées, telles que les missiles balistiques intercontinentaux, capables d’atteindre, en théorie, le sol américain. La ceinture entre les deux est destinée aux missiles qui mettent le Japon à portée de tir, d’après les auteurs du document.

Pour le New York Times, ce rapport prouve que le leader nord-coréen, Kim Jong-un, a menti au président américain Donald Trump lors du sommet de Singapour de juin 2018 sur la dénucléarisation de la Corée du Nord. Pyongyang “cache” des sites militaires à Washington, tout en promettant une péninsule coréenne plus pacifique, affirme le quotidien américain.

L’urgence diplomatique

Ces sites ne sont, cependant, pas si dissimulés que ça. Si le grand public en ignorait jusqu’à présent l’existence, “les services de renseignement américains ou sud-coréens en avaient déjà connaissance”, souligne Antoine Bondaz. Séoul a, d’ailleurs, assuré, mardi 13 novembre, avoir des images satellites “bien plus précises” de ces bases.

Difficile aussi de parler de mensonges. “Kim Jong-un n’a jamais promis de démanteler ses bases de missile ou même d’arrêter de travailler sur son programme balistique. Il s’est juste engagé à travailler sur un processus de dénucléarisation de la péninsule”, rappelle l’expert français. Tout au plus peut-on dire que l’existence de ces bases défie les neuf résolutions adoptées depuis 2006 par le Conseil de sécurité de l’ONU pour condamner le programme nucléaire et balistique nord-coréen.

La publicité autour de ces bases permet, cependant, de “rappeler l’urgence de trouver une solution diplomatique à la militarisation de la Corée du Nord”, affirme Antoine Bondaz. Les images satellites produites par le CSIS prouvent, en effet, que le sommet de Singapour n’a rien réglé. La posture de Donald Trump, se targuant sur Twitter d’avoir ramené le calme dans la péninsule coréenne après le sommet de Singapour, a surtout servi les intérêts militaires de Kim Jong-un. En sifflant la fin de la crise coréenne, le président américain a fait disparaître une partie de la pression internationale qui pesait sur les épaules d’un dirigeant nord-coréen qui n’a en rien perdu de sa détermination à développer son arsenal de missiles, capable de porter des charges nucléaires.

En publiant les images satellite, le CSIS peut espérer empêcher Donald Trump ou Kim Jong-un de continuer à prétendre que tout va mieux.