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L'Italie résiste à Bruxelles et annonce que son budget ne changera pas

Malgré les pressions de Bruxelles, le gouvernement populiste italien a annoncé mardi soir qu'il ne comptait pas changer son budget 2019. Le pays s'expose à des sanctions financières.

Le gouvernement populiste de l'Italie persiste et signe. Sommé par la Commission européenne de revoir son budget pour 2019 avant mardi 13 novembre, il a confirmé dans la soirée qu'il n'entendait pas céder. "Le budget ne change pas, ni dans les bilans, ni dans la prévision de croissance. Nous avons la conviction que ce budget est celui dont le pays a besoin pour redémarrer", a ainsi déclaré Luigi Di Maio, vice-Premier ministre et chef de file du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème).

"Notre objectif est de maintenir le déficit à 2,4 % du PIB, et nous nous engageons à le maintenir", a-t-il ajouté devant la presse à l'issue d'un conseil des ministres et d'une réunion avec son allié Matteo Salvini, patron de la Ligue (extrême droite) et le chef du gouvernement, Giuseppe Conte.

Matteo Salvini a lui souligné que l'objectif de déficit resterait à 2,4 % du PIB italien et que le gouvernement continuait de tabler sur une croissance de 1,5 % l'année prochaine. Il évoque cependant des cessions d'actifs et une surveillance étroite de la dépense publique.

Pour le gouvernement, le budget anti-austérité va relancer la croissance exsangue et permettre ainsi de réduire le déficit public et la dette publique colossale du pays. Mais pour la première fois dans l'histoire de l'Union européenne, les autorités de Bruxelles ont rejeté le 23 octobre ce projet de budget italien. Soutenues par l'ensemble de la zone euro, elles restent sourdes aux arguments italiens, qui promettent un déficit à 2,4 % du Produit intérieur brut (PIB) en 2019 et à 2,1 % en 2020.

Dans un rapport publié mardi après-midi, le Fonds monétaire international (FMI) a même réaffirmé une prévision de 1 % de croissance en Italie en 2020 et s'est montré sceptique sur les réformes annoncées par le gouvernement.

"Procédure pour déficit excessif" en vue

Selon des médias italiens, le ministre de l'Économie, Giovanni Tria, doit adresser dans les prochaines heures un courrier à Bruxelles pour expliquer la décision du gouvernement, accompagné d'une présentation des réformes structurelles et du plan d'investissement prévus par le gouvernement.

En refusant de changer son budget, Rome s'expose à l'ouverture d'une "procédure pour déficit excessif", susceptible d'aboutir à des sanctions financières correspondant à 0,2 % de son PIB (soit quelque 3,4 milliards d'euros).

Selon Lorenzo Codogno, fondateur du cabinet LC Macro Advisors, l'Italie devrait être en procédure de déficit excessif (PDE) "d'ici à fin janvier", mais le délai de trois à six mois pour préparer des plans de corrections "permettra à l'Italie d'atteindre les élections européennes sans obstacle". Puis "rien ne se passera avant que la nouvelle Commission ne soit en place" à l'automne 2019. D'après lui, faute d'action rapide au niveau européen, les marchés financiers seront, "comme d'habitude, les vrais gardiens de la discipline budgétaire".

Avec AFP et Reuters