Alors qu'il doit se rendre, ce lundi, à Londres et à Berlin pour évoquer la colonisation, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a réitéré, dimanche, ces accusation d'antisémitisme à l'encontre de la Suède.
Israël a mis, dimanche, un frein aux activités des journalistes suédois et le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, a exhorté le gouvernement de Stockholm à condamner un article de presse jugé antisémite.
Le tabloïd suédois "Aftonbladet" avait publié, lundi, un article évoquant des allégations palestiniennes de trafic des organes de détenus morts en prison visant l’armée israélienne.
Un nouvel article publié dimanche, sans preuves
Ce journal est revenu dimanche, dans un nouveau reportage, sur les conditions dans lesquelles un jeune Palestinien aurait été dépouillé de ses organes par des soldats israéliens, mais toujours sans apporter de preuves. Deux de ses journalistes ont interrogé cette semaine dans le village cisjordanien d'Imatten la mère et le frère de Bilal Achmad Ghanem, qui, selon le journal suédois, est un jeune de 19 ans tué par des soldats israéliens il y a 17 ans, soupçonné d'avoir été un meneur dans la première Intifada.
Saadega Ghanem, la mère de Bilal, affirme que le 13 mai 1992, après l'avoir tué, les soldats ont transporté le corps de son fils par hélicoptère en Israël. Rendu quelques jours plus tard à la famille, la mère précise alors que "Bilal était étendu dans un sac noir. Il n'avait plus aucune dent. Le corps avait été ouvert de la gorge jusqu'au ventre puis très mal recousu". Le journal écrit que le frère cadet de Bilal, Jalal Achmad Ghanem, 32 ans, "croit que les organes ont été volés".
Pour Lieberman, une nouvelle affaire Dreyfus
La publication du premier article a provoqué un tollé en Israël, où des responsables ont parlé d’un écho à la haine ancestrale des Juifs en Europe, mais la Suède s’est refusé à intervenir au nom, a-t-elle expliqué, de la liberté de la presse.
"Les déclarations dans la presse suédoise étaient insultantes", a déclaré Benjamin Netanyahou lors du conseil des ministres, selon des propos rapportés par un responsable.
"Nous n’attendons pas d’excuses du gouvernement suédois (...) Nous attendons une condamnation", a-t-il ajouté.
Selon ce même responsable, le chef du gouvernement a comparé cette affaire avec les calomnies dont étaient victimes les Juifs au Moyen-Âge, lorsqu’ils étaient accusés d’utiliser le sang de nouveaux-nés chrétiens pour se livrer à des rites religieux.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, lui-même colon et parfois accusé de racisme anti-arabe, a établi une comparaison avec l’affaire Dreyfus, du nom de l’officier français condamné pour meurtre sur fond d’antisémitisme, il y a plus d’un siècle.
Représailles contre la presse suédoise en Israël
Le ministère israélien de l’Intérieur a décidé de "geler" l’examen des demandes de visa pour les journalistes suédois, a dit un porte-parole. Le service de presse du gouvernement a précisé que la révision des conditions d’accréditation des reporters déjà présents serait un peu plus longue.
Ce différend a considérablement tendu les relations entre Israël et la Suède, qui assure la présidence tournante de l’Union européenne, au moment où Benjamin Netanyahu s’apprête à venir en Europe parler des colonies juives de Cisjordanie.
Le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, a assuré que son pays combattait l’antisémitisme, mais qu’il ne musellerait pas les médias pour autant.
Une porte-parole de la diplomatie s’est refusée à commenter les réprimandes présumées qu’aurait essuyées l’ambassadeur de Suède en Israël pour avoir condamné l’article "écœurant" d’Aftonbladet. Dimanche, le communiqué n’était plus consultable sur le site de l’ambassade.
"Ce qui nous met en colère, c’est que le gouvernement suédois n’a pas condamné ça mais s’est empressé de réprimander l’ambassadeur qui avait trouvé juste de condamner cette calomnie rappelant l’affaire Dreyfus", a dit Avigdor Lieberman à la radio de l’armée.