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Un accord passé avec le Qatar en octobre permet aux Gazaouis de recevoir en moyenne entre neuf et onze heures d'électricité par jour. Une bonne nouvelle pour les habitants de l'enclave palestinienne soumise à un strict blocus par Israël.

À l'approche de l'hiver, les nuits gazaouies s'illuminent progressivement, depuis plus d'une semaine : dans l'enclave palestinienne sous blocus, qui survivait ces derniers mois avec environ quatre heures de courant par jour, l'électricité fait peu à peu son retour.

Depuis le 25 octobre, la bande de Gaza est connectée à l'électricité entre neuf et onze heures par jour en moyenne selon un récent rapport de l'ONU, des résidents affirmant même avoir reçu jusqu'à 16 heures de courant.

Cette rare bonne nouvelle dans l'enclave palestinienne - soumise à un strict blocus terrestre, maritime et aérien par Israël depuis plus de dix ans - a été rendue possible par un accord sur des livraisons de fioul, permettant d'augmenter la production de la centrale électrique de Nousseirat, la seule fonctionnant à Gaza.

Le rôle clé du Qatar

L’accord prévoit que le Qatar, un allié de longue date du Hamas, paie pendant six mois les livraisons de fioul dans l’enclave palestinienne, à hauteur de 60 millions de dollars (52,5 millions d’euros). L'ONU joue les intercesseurs et Israël laisse passer les citernes. L’État hébreu avait interrompu les livraisons le 12 octobre, suite à des violences meurtrières à la frontière, avant de les autoriser à nouveau.

Cet arrangement a été conclu avec le soutien des États-Unis, mais a été vivement critiqué par l’Autorité palestinienne. Mahmoud Abbas estime qu’il légitime le contrôle du Hamas à Gaza. Il a également imposé des mesures coercitives sur l’enclave, bloquant puis diminuant les salaires des fonctionnaires versés par l'Autorité palestinienne.

Depuis que cette dernière a perdu le contrôle de Gaza en 2007 après des affrontements meurtriers entre le Fatah et le Hamas, les deux camps sont à couteaux tirés et les tentatives de réconciliation au point mort. La question de l’électricité est un instrument de pression politique pour l’Autorité palestinienne. En avril 2017, elle avait affirmé qu’elle ne payerait plus la facture d’électricité de la bande de Gaza.

Une légère reprise de l’activité économique

Dans un communiqué à l'AFP, l'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient, Nickolay Mladenov, souligne que l'aide du Qatar a fait "la différence de manière visible". "Cela devrait montrer la voie pour ce que les autres donateurs peuvent faire s'ils veulent éviter une guerre et aider ceux dans le besoin", a-t-il ajouté.

#BREAKING: As #Gaza’s Power Plant runs 3rd turbine, people see electricty supply increase to 8 hrs. An opportunity that must not be wasted to de-escalate, resolve all #humanitarian issues and reunite #Palestinians under a single, democratic, national government. #UN

  Nickolay E. MLADENOV (@nmladenov) 28 octobre 2018

Grâce aux nouvelles livraisons de fioul, couplées à l'électricité que Gaza reçoit déjà de la part d'Israël, l'enclave reçoit aujourd'hui environ 200 mégawatts, selon Mohamed Thabet, porte-parole de la société de distribution d'énergie.

Les résultats se font déjà sentir sur l'économie de l'enclave appauvrie   : les entreprises peuvent travailler plus longtemps, les charges sont moins lourdes pour les restaurants et les glaces de retour en masse sur les étals.

La production d'électricité est encore en deçà des 500 mégawatts nécessaires pour avoir le courant en permanence mais la distribution a déjà plus que doublé.

Mais le retour de l'électricité à Gaza peut être un espoir trompeur. Des diplomates occidentaux affirment que tant que le Hamas contrôle l'enclave, aucune reconstruction réelle ne pourra avoir lieu.

Et les coupures de courant pourraient bien reprendre rapidement, avec la mise en route des chauffages lorsque le froid hivernal s'installera dans l’enclave de deux millions d’habitants.

Avec AFP