Jair Bolsonaro aimerait fusionner en un seul ministère l’Agriculture et l’Environnement, ou encore un grand ministère de l’Économie. Globalement, le nouveau gouvernement compterait 15 à 16 ministères contre une trentaine actuellement.
À peine annoncé, déjà critiqué. Le président brésilien élu dimanche, Jair Bolsonaro, a dessiné mardi 30 octobre les contours de son futur gouvernement d'extrême droite, avec notamment un grand ministère de l'Economie et la fusion annoncée des portefeuilles de l'Agriculture et de l'Environnement, immédiatement attaqué par des associations écologistes.
À l'issue d'une réunion de Jair Bolsonaro avec ses proches conseillers à Rio de Janeiro, le député Onyx Lorenzoni, présenté comme le futur chef du gouvernement, a confirmé la réduction du gouvernement à "15 à 16 ministères", contre une trentaine actuellement. Cela implique la fusion de plusieurs ministères. "L'Agriculture et l'Environnement feront partie du même ministère, comme prévu au départ", a précisé Onyx Lorenzoni.
Lobbys et écologistes contre un méga-ministère de l’Environnement
Les écologistes considèrent que cette fusion reviendrait à sacrifier la protection de l'environnement aux intérêts du puissant lobby de l'agro-business, qui soutient ouvertement le président élu.
L'écologiste Marina Silva, ex-ministre de l'Environnement et candidate à la présidentielle, a qualifié cette fusion de "désastre", estimant sur Twitter qu'"une ère tragique s'ouvre où la protection de l'environnement est égale à zéro".
A decisão de fundir o Ministério do Meio Ambiente ao da Agricultura será um triplo desastre. Estamos inaugurando o tempo trágico da proteção ambiental igual a nada. Nem bem começou o governo Bolsonaro e o retrocesso anunciado é incalculável. https://t.co/gja0JZXh2j
Marina Silva (@MarinaSilva) 30 octobre 2018Cette mesure inquièterait même des représentants de ce lobby, qui craignent des sanctions commerciales de pays étrangers sur les exportations brésiliennes de viande ou de soja, deux productions à fort impact environnemental.
Quatre ministères fusionnés en un pour gérer l’économie brésilienne
Autre fusion, autre confirmation d'une promesse de campagne : Paulo Guedes, gourou ultra-libéral de Jair Bolsonaro, a assuré qu'il serait à la tête d'un super-ministère de l'Économie, qui réunira les ministères actuels des Finances, de la Planification, de l'Industrie et du Commerce extérieur.
La semaine dernière, après une réunion avec des représentants des secteurs industriels et agricoles, Paulo Guedes avait pourtant affirmé qu'il maintiendrait les portefeuilles de l'Industrie et du Commerce extérieur séparés de celui de l'Économie.
La Justice confiée à une figure de la lutte anti-corruption
Pour le ministère de la Justice, le président élu a fait un appel du pied à Sergio Moro, figure emblématique de la lutte anticorruption, qui s'est dit "honoré" dans l'attente d'une proposition formelle. Jair Bolsonaro, qui entrera en fonctions le 1er janvier, a également évoqué la possibilité de proposer au magistrat un poste de juge de la Cour suprême, qui sera à pourvoir durant son mandat.
Le juge Moro s'est notamment illustré en condamnant en première instance l'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui purge une peine de 12 ans et un mois de prison depuis avril pour corruption passive et blanchiment.
80 % des postes de ministres attribués
Plus largement, la composition du gouvernement Bolsonaro avance : "environ 80 % des postes de ministres ont déjà été attribués", a fait savoir Gustavo Bebianno, autre éminence grise de Jair Bolsonaro qui a participé à la réunion du 30 octobre.
Les déplacements du président élu se dessinent aussi. Sur le plan intérieur, il a indiqué lundi qu'il irait la semaine prochaine à Brasilia pour rencontrer le chef d'État sortant, Michel Temer. Ses premiers voyages à l'étranger seront au Chili, en Israël et aux États-Unis, des pays "qui partagent notre vision du monde", a affirmé Onyx Lorenzoni.
Avec AFP