
Attendu depuis des mois, le biopic "Bohemian Rhapsody" sur le mythique groupe Queen sort au cinéma le 31 octobre 2018. L’occasion pour Rami Malek, qui incarne Freddie Mercury, d’évoquer la place accordée à l’homosexualité et au sida dans ce film.
Depuis l’été 2017, où les premières informations confidentielles sur ce projet de biopic avaient été dévoilées sur le site officiel de Queen, l’impatience n’a fait que grandir. Formé en 1970 à Londres, le groupe de Freddie Mercury, Brian May, Roger Taylor et John Deacon est resté aujourd’hui l’une des références ultime du rock.
Plusieurs générations se sont égosillées sur "Don’t stop me now" ou ont tapé du pied au rythme de "We Will Rock You". Et des centaines de millions de personnes ont vu ou verront un jour des images de leur passage sur la scène du mythique concert Live Aid donné en 1985 à Wembley. Alors forcément, ce biopic était attendu au tournant.
Un biopic "lavé à l'hétéronormativité" ?
Oui mais voilà. Le 15 mai 2018, alors que la 20th Century Fox met en ligne la toute première bande-annonce de "Bohemian Rhapsody", la gronde commence. Le producteur américain Bryan Fuller ("Hannibal", "Star Trek: Discovery") poste un tweet assassin dans lequel il enrage de voir un film "lavé à l’hétéronormativité" et reproche au studio de taire le mot "sida" pour ne parler que d’une "maladie mortelle" dans la description de la vidéo.
Dans la foulée, une interview de Sacha Baron Cohen diffusée à la radio américaine en mars 2016 refait surface. L’acteur, initialement choisi pour incarner Freddie Mercury, y expliquait avoir quitté le projet après un désaccord avec "l'un des membres du groupe" qui suggérait de faire l’impasse sur le sida dans le scénario. Il n’en fallait pas plus pour que les fans et la presse (nous y compris) s’inquiètent de la place accordée (ou pas) à l’homosexualité et à l’épidémie du sida dans "Bohemian Rhapsody".
Les journalistes ont finalement pu découvrir le biopic, long d’un peu plus de deux heures, lors de projections réservées à la presse au courant du mois de septembre 2018, sous réserve de ne pas en dire un mot avant ce 24 octobre – soit huit jours avant la sortie mondiale du film prévue le 31 octobre. Et force est de constater que le film aborde ces sujets-là avec justesse et proportion (ce qui est peut-être moins le cas des perruques dont sont affublés les acteurs).
À l’issue d’une de ses séances organisée à Paris, nous avons pu rencontrer les acteurs Rami Malek, qui incarne Freddie Mercury, et Joseph Mazzello, qui joue Brian May. Alors on les a interrogés sur ces critiques pré-existantes.
"On voulait célébrer son histoire"
"Ça m’a semblé très bizarre de voir quelqu’un juger un film simplement à partir d’une bande-annonce d’une minute, qui comportait en plus environ 98 % de musique", réagit d’abord Rami Malek. Pendant plus d’un an, l’acteur qu’on avait découvert dans "Mr. Robot" a pris des leçons de piano et de chant, a passé des nuits entières à regarder des archives vidéo de Freddy Mercury et a discuté avec (le vrai) Brian May pour se mettre dans la peau du chanteur de Queen sans le caricaturer. Ce qui explique forcément son amertume.
Mais il poursuit : "Évidemment, on n’a pas fait un film sur deux aspects isolés de la vie de Freddie Mercury. D’ailleurs, on ne voulait pas faire ce film-là. Ce dont on avait envie, c’était de célébrer son histoire. Et je crois que la façon douce et élégante avec laquelle on aborde ces sujets ne fait qu’amplifier la joie de vivre qui le caractérisait. Il avait choisi de vivre, et c’est ça le film qu’on voulait faire."
"Ça aurait été réducteur vis-à-vis de Freddie Mercury"
Joseph Mazzello, qui joue l’un des trois autres virtuoses du groupe, renchérit : "Ce serait un peu réducteur vis-à-vis de Freddie Mercury de faire un film sur le sida ou juste sur son homosexualité. Cet homme s’est construit sur une histoire riche et compliquée. Il était un fils d’immigrés, un enfant harcelé à l’école à cause de ses traits particuliers, il se posait des questions sur sa sexualité, et il était malade du sida. Tout ça, ce sont des parts d’un être humain complexe. Freddie Mercury n’a jamais voulu se mettre dans une case. Comme tous les autres membres du groupe, il était un outsider, et il a fini par trouver son sentiment d’appartenance dans ce groupe."
Au-delà du charisme de son personnage central, "Bohemian Rhapsody" est avant tout l’histoire d’un groupe de génies de la musique qui n’avaient qu’un message à faire passer : "On peut tous être exactement celui qu’on a envie d’être."
Retrouvez tous les contenus de F24 Découvertes sur Facebook et Twitter.