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Hakimullah Mehsud a été désigné pour succéder à Baitullah Mehsud, probablement tué début août par un drone. Quatre proches de Baitullah, suspectés d'avoir collaboré avec les autorités pour le tuer, ont été arrêtés par les Taliban.

Les Taliban pakistanais ont désigné un successeur à leur leader Baïtullah Mehsud, dont Islamabad et Washington pensent qu'il a été tué il y a deux semaines par un missile américain, a annoncé samedi un commandant rebelle.

Une "choura", une réunion des anciens, "a désigné à l'unanimité Hakimullah Mehsud comme successeur de Baïtullah Mehsud", a affirmé à l'AFP au téléphone le maulvi Faqir Mohammad.

"La choura qui a réuni 22 membres a duré deux jours", a-t-il ajouté.
 Ce dernier avait assuré mercredi avoir pris "temporairement" la tête des Talibans pakistanais, liés à Al-Qaïda, pour remplacer Baïtullah Mehsud à la tête du Mouvement des Taliban Pakistanais (TTP).

"Baïtullah Mehsud est vivant mais gravement malade", avait-il affirmé. "En son absence, j'annonce, en tant que vice-président du TPP, que je le remplace à la tête du mouvement".

Agé d'environ 35 ans, Baïtullah Mehsud, ennemi public numéro un au Pakistan et pour lequel les Etats-Unis offraient une récompense de 5 millions de dollars, était considéré par Washington comme le relais, au Pakistan, du réseau Al-Qaïda qui a reconstitué ses forces dans les zones tribales du nord-ouest, frontalières avec l'Afghanistan.

De hauts responsables à Islamabad comme à Washington ont assuré à plusieurs reprises, mais sans pouvoir en apporter la preuve, qu'il avait été tué le 5 août dans son fief du Waziristan du Sud par la frappe ciblée d'un missile américain. Ses lieutenants ont démenti sa mort mais sans pouvoir le prouver non plus.

Selon les services de renseignement pakistanais, le porte-parole du TTP, Maulvi Omar, arrêté ce mois, a confirmé que Mehsud avait été tué dans une frappe américaine.  Le gouvernement du Pakistan a attribué à Baïtullah Mehsud une très grande partie de la série d'attentats qui ont fait plus de 2.000 morts à travers le pays depuis deux ans, dont celui qui a tué l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto en décembre 2007.

Les Taliban suspectent  des proches de Baitullah d’avoir renseigné les Américains

Quatre proches du chef de file des Taliban pakistanais, Baïtullah Mehsud, vraisemblablement tué par un drone américain au début du mois, ont été arrêtés par la milice islamiste qui les soupçonne d'avoir collaboré avec les autorités en vue de son élimination, a-t-on appris de source proche des services de sécurité.

Soupçonnés d'avoir livré des informations à son sujet, le beau-père de Baïtullah, Ikramuddin Mehsud, le fils et le frère de ce dernier ainsi qu'un neveu ont été placés en détention, selon un haut responsable des services de renseignement pakistanais.

"Ils ont été arrêtés il y a deux jours et sont interrogés par les Taliban à Sararogha", a-t-il précisé, évoquant le fief de Mehsud dans le Sud-Waristan.

L'information a été confirmée par un deuxième membre des services de renseignement et par un dignitaire pachtoun local.

La deuxième épouse de l'"émir" et plusieurs de ses gardes du corps ont également trouvé la mort le 5 août. Mehsud, qui souffrait de l'estomac, se trouvait sur le toit-terrasse de la maison de son beau-père en compagnie de sa femme lorsque le missile s'est abattu, peu après minuit, précisent les trois sources.

Saadullah Mehsud, un frère d'Ikramuddin ayant des connaissances médicales, avait été appelé un peu plus tôt pour soigner les maux d'estomac du chef taliban. Le missile a été tiré peu après son départ, ce qui a éveillé les soupçons, selon l'un des membres des services de renseignement déjà cités. Saadullah compte parmi les suspects arrêtés.

Egalement soupçonné, le chauffeur de Mehsud, nommé Mohammad Qassim, a par ailleurs été exécuté peu après sa mort, a précisé le dignitaire tribal.

Nombreux sont ceux qui ont connu le même sort depuis que l'armée américaine multiplie les tirs de missiles à l'aide d'avions sans pilote dans les zones tribales frontalières de l'Afghanistan.

Hafiz Gul Bahadur, chef militaire de la milice islamiste au Nord-Waziristan, a par ailleurs annoncé un cessez-le-feu à l'occasion du ramadan qui débute dimanche au Pakistan. Ses hommes opèrent essentiellement en Afghanistan, mais seize militaires pakistanais ont trouvé la mort dans une de leurs embuscades, en juin.