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Affaire Khashoggi : les dernières révélations turques qui accablent Riyad

De nouveaux développements dans l'assassinat du journaliste saoudien jamal Khashoggi sont apparus, lundi, à la veille d'un discours très attendu de Recep Tayyip Erdogan, qui entend révéler "toute la vérité" sur cette affaire.

Alors que les autorités turques tentent de retrouver le corps de Jamal Khashoggi , assassiné le 2   octobre après avoir pénétré dans le consulat de son pays à Istanbul, de nouvelles révélations sont survenues à la veille d'un discours très attendu de Recep Tayyip Erdogan. Le président turc a promis de révéler, mardi 23  octobre,  "toute la vérité" sur la mort du journaliste saoudien.

Des images de vidéosurveillance diffusées lundi par la chaîne américaine CNN, montrent l'un des 15 suspects saoudiens dans l’affaire quittant le consulat vêtu avec les mêmes habits que ceux que Jamal Khashoggi portait à son arrivée dans le bâtiment, un peu plus tôt le 2   octobre.

EXCLUSIVE: Surveillance footage shows Saudi operative in Jamal Khashoggi's clothes in Istanbul after the journalist was killed, Turkish source says https://t.co/6207mboDC3 pic.twitter.com/LhAshAm0YW

  CNN International (@cnni) 22 octobre 2018

Sur les images, un homme à lunettes, avec une barbe factice et une corpulence semblable à celle de la victime, se promène dans plusieurs rues d’Istanbul. Des sources turques citées par la chaîne américaine affirment avoir la conviction que Mustapha al-Madani, l’agent saoudien identifié sur les images, a été envoyé avec les 14 autres suspects spécifiquement pour mener à bien cette tentative de dissimulation visant à faire croire que l’éditorialiste avait bel et bien quitté le consulat, comme l'avait affirmé Riyad dans un premier temps.

Découverte d'un véhicule diplomatique saoudien abandonné

Par ailleurs, un véhicule portant une plaque d'immatriculation diplomatique saoudienne abandonné dans un parking d'Istanbul a été découvert lundi par les enquêteurs. La berline noire a été retrouvée dans un parking souterrain à Sultangazi, un district situé dans le nord d'Istanbul. Les enquêteurs ont notamment fouillé ces derniers jours la forêt de Belgrade, située non loin de Sultangazi, à la recherche du corps de Jamal Khashoggi.

Selon l'agence de presse étatique Anadolu, les enquêteurs ont demandé au consulat général d'Arabie saoudite ainsi qu'au parquet d'Istanbul l'autorisation de fouiller le véhicule.

La chaîne de télévision d'Etat TRT diffusait les images du parking bouclé par un cordon de sécurité de la police, ajoutant que le véhicule en question y a été abandonné dans les jours ayant suivi le meurtre de Jamal Khashoggi. La TRT a par ailleurs publié la photographie d'un document qu'elle présente comme le certificat d'immatriculation du véhicule et qui indique que la voiture de marque Mercedes-Benz est enregistrée au consulat d'Arabie saoudite.

Elle ajoute en outre que les enquêteurs ont obtenu les images de vidéosurveillance d'un autre véhicule diplomatique saoudien effectuant un arrêt de quelques minutes dans ce même parking dans les jours ayant suivi l’assassinat de Jamal Khashoggi.

"Plus on y pense et plus on se dit qu'on se moque de nous"

D'après des responsables et des médias turcs, le corps du journaliste a été démembré après ce meurtre soigneusement prémédité et mis à exécution par une équipe de 15   personnes. Après deux semaines de dénégation, Riyad a reconnu dans la nuit de vendredi à samedi la mort du journaliste, qui vivait depuis un an aux États-Unis et publiait régulièrement dans le Washington Post des tribunes critiques sur l'action du prince héritier Mohammed ben Salmane.

Après avoir dans un premier temps affirmé que Jamal Khashoggi avait quitté le consulat vivant, Riyad a reconnu que le journaliste y avait été tué, tout en affirmant qu'il s'agissait d'une "opération non-autorisée" par le pouvoir, et dont "MBS" n'était "pas informé". Mais la presse turque a démonté cette ligne de défense lundi. Le quotidien Yeni Safak, proche du pouvoir, a affirmé qu'un membre du commando ayant tué Jamal Khashoggi avait appelé à plusieurs reprises le directeur du bureau du prince héritier, Bader al-Asaker, après le meurtre du journaliste.

Un conseiller du président turc Recep Tayyip Erdogan a également mis en doute la version saoudienne, celle d'une bagarre qui aurait mal tourné au consulat. "On ne peut pas s'empêcher de se demander comment il y a pu y avoir une bagarre entre quinze jeunes hommes entraînés au combat (...) et un homme de 60 ans, Khashoggi, seul et sans défense", estime Yasin Aktay, responsable du Parti de la justice et du développement (AKP) et également ami du journaliste.

La version présentée par Riyad "n'explique rien de l'incident, face à toutes les informations que nous avons recueillies, au contraire elle ne fait que soulever davantage d'interrogations", écrit-il dans le journal turc Yeni Safak.

"Plus on y pense et plus on se dit qu'on se moque de nous", poursuit Yasin Aktay. "La 'bagarre' (...) apparaît être un scénario échafaudé à la va-vite (...)".

Avec AFP et Reuters