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Mort de Robert Faurisson, chef de file des négationnistes français

Le chef de file du courant négationniste français Robert Faurisson est décédé dimanche à 89 ans à Vichy. Condamné à de nombreuses reprises dès 1981, il avait notamment nié l'existence des chambres à gaz dans les camps de concentration nazis.

L’universitaire Robert Faurisson, l'une des figures françaises du négationnisme, plusieurs fois condamné pour ses thèses niant le génocide des juifs par le régime nazi, est mort à son domicile, à Vichy, à l'âge de 89   ans.

"Robert Faurisson revenait d'Angleterre quand il s'est écroulé" chez lui dimanche soir, a déclaré à l'AFP sa sœur, Yvonne Schleiter.

Ancien professeur de littérature de l'université de Lyon, il avait fait face à une cascade de procès après la publication de ses thèses dans la presse, fin   1978. Robert Faurisson soutenait que le génocide des juifs par les nazis était un mensonge destiné à récolter des dommages de guerre. Il assurait aussi que les déportés juifs étaient morts de maladie et de malnutrition. Il contestait enfin l'authenticité du journal de la jeune juive néerlandaise Anne Frank.

Se rendant en   1976 à Auschwitz, Robert Faurisson avait prétendu, après avoir consulté certaines archives, pouvoir prouver que les chambres à gaz ne pouvaient avoir fonctionné comme cela était établi par les historiens. Il avait alors été non seulement soutenu par l'extrême-droite, mais aussi par une fraction très minoritaire de l'utra-gauche.

"Ses 'thèses' immondes vivent encore"

Condamné à de nombreuses reprises en France entre   1981 et   2007, notamment pour contestation de crime contre l'humanité et provocation à la discrimination, il a été le premier justiciable français condamné en vertu de la loi Gayssot de   1990 visant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe.

"Le négationniste Robert Faurisson est mort mais ses 'thèses' immondes vivent encore. Le combat pour la vérité historique continue face aux faussaires de l'Histoire", a réagi la Fondation pour la mémoire de la Shoah sur Twitter.

Robert Faurisson a "rendu un grand service involontairement" en permettant que la Shoah soit "l'un des événements les mieux connus du monde", a réagi lundi Serge Klarsfeld, président de l'association des Fils et filles de déportés juifs de France.

"Sans fleurs ni couronnes"

Membre de l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain, l’universitaire avait perdu en   2007 contre Robert Badinter qui l'avait qualifié de "faussaire de l'Histoire". L'année précédente, il avait exprimé ses thèses à la télévision iranienne avec un certain impact dans les milieux intellectuels et religieux du monde musulman en lutte contre l'État d'Israël. En   2012, il reçoit du président Mahmoud Ahmadinejad le premier prix honorant "le courage, la résistance et la combativité".

Né le 25   janvier   1929 en Grande-Bretagne, d'une mère écossaise et d'un père français, il a été l'objet de plusieurs agressions, dont une près de son domicile à Vichy (Allier) en   1989 par plusieurs membres d'une association baptisée Les fils de la mémoire juive, qui le conduira à l'hôpital.

Robert Faurisson, précise l'historienne Valérie Igounet à l'AFP, a repris des thèses d'extrême droite fascistes qui circulaient dans l'après-guerre mais qui n'étaient pas audibles, en se prévalant de sa qualité de professeur de littérature. Il y a trouvé un moyen à la fin des années 1970 pour acquérir une notoriété médiatique. Sans être affilié à un parti d'extrême droite, il faisait partie de plusieurs amicales.

"Je ne connaissais pas Robert Faurisson, mais les moyens considérables employés durant des décennies pour le réduire au silence me paraissent emblématiques du recul des libertés d'expression et d'opinion dans notre pays", a affirmé lundi dans un communiqué l'ex-leader du Front national Jean-Marie Le Pen.

La ministre chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, a souhaité de son côté l'enterrement pour toujours du "négationnisme hideux", "sans fleurs ni couronnes".

Avec AFP