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Six caches d'armes de l'ETA découvertes en trois jours

La logistique de l'organisation séparatiste basque a été mise à mal par la découverte d'au moins six caches d'armes dans le sud de la France. Le même jour, côté espagnol, à Bilbao, des indépendantistes ont brûlé un bus et six voitures.

La collaboration policière franco-espagnole a mis à mal l'appareil logistique d'ETA avec la découverte en moins de trois jours d'au moins six caches d'armes et d'explosifs de l'organisation séparatiste basque vendredi, dans le sud de la France. Quatre d'entre elles ont été mises au jour dans l'Hérault. Deux caches contenant "des armes, des munitions, des explosifs" ont ainsi été découvertes vendredi matin à Ferrals-les-Montagnes et près de Vieussan, selon des sources proches de l'enquête. Des violences ont éclaté au Pays basque espagnol, à Bilbao, le même jour.

A Ferrals, les enquêteurs ont notamment mis la main sur une quinzaine d'armes de poing, 2.000 cartouches, une cinquantaine de détonateurs et de la pentrite.

A Vieussan, la cache contenait trois bombes ventouses, du matériel pour fabriquer des explosifs et de la documentation, selon ces sources.

Une troisième cache souterraine, ne contenant pas d'armes mais 25 kilos de nitrate d'ammonium, 12 kilos de pentrite et de nombreux éléments électroniques a été mise au jour vendredi après-midi à Minerve par les policiers de la Sous-direction antiterroriste (Sdat) de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), selon une source judiciaire.

Dans l'Hérault, une cache, découverte jeudi à Camplong, recèle un "abondant matériel" avec lequel "ETA aurait pu fabriquer des dizaines de bombes ventouses", selon un communiqué du ministère espagnol de l'Intérieur.

Les policiers ont ainsi mis la main à Camplong sur une importante quantité de matériel électronique entrant dans la composition d'engins explosifs, 2.600 cartouches, 450 mètres de cordons détonnant, 83 détonateurs, des substances explosives, des radios portatives et des uniformes de gendarme.

Deux revolvers provenant du braquage d'une fabrique d'armes au cours de laquelle 350 pistolets avaient été volés en octobre 2006 à Vauvert (Gard) y ont également été retrouvés, a affirmé une source judiciaire à Paris.

Une autre cache d'armes de moindre importance a également été découverte jeudi dans les Pyrénées-Atlantiques à Hélette.

La veille, c'est dans une localité des Hautes-Pyrénées, à Ferrières, que les enquêteurs ont mis la main sur une cache contenant notamment 100 kilos de nitrate d'ammonium et 12 kilos de nitrométhane, entrant dans la composition d'explosifs.

Des informations contradictoires circulaient vendredi soir sur la découverte éventuelle d'une quatrième cache dans la journée, ce qui porterait à sept le total de la semaine.

"Les polices nationale (espagnole) et française (...) ont localisé une quatrième cache qui pour l'instant n'a pas été ouverte et qui porte à sept le nombre total de caches" de l'ETA localisées depuis le début de la semaine, a indiqué le ministère espagnol de l'Intérieur dans un communiqué. Le communiqué ne donne aucune précision sur la localisation ou le contenu de cette cache.

Interrogée par l'AFP, une source française proche de l'enquête a, dans un premier temps, confirmé cette information, avant de la démentir.

Qualifiées de "très belles prises" par une source judiciaire, ces découvertes ont été effectuées à la suite de renseignements fournis en milieu de semaine par les autorités espagnoles à leurs homologues françaises, a confié une source proche du dossier.

"C'est naturellement un signe très positif dans la lutte contre ETA", s'est félicité le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux en marge d'un déplacement à Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme).

Ces découvertes de caches d'armes et d'explosifs interviennent peu après l'interpellation mercredi de trois membres présumés de la logistique d'ETA dans la station de ski du Corbier-Villarembert (Savoie).

Violences à Bilbao

Vendredi soir, le jour de l'annonce de la découverte dans le sud de la France d'au moins trois nouvelles caches d'armes et d'explosifs de l'ETA, plusieurs actes de violence urbaine attribués à de jeunes indépendantistes basques ont été enregistrés en Espagne, à Bilbao (nord), où un autobus et six voitures ont été brûlés, a indiqué samedi le gouvernement régional.

"A 22H05 (20H05 GMT), des personnes encagoulées ont obligé le conducteur d'un autobus urbain à descendre du véhicule, auquel ils ont mis le feu", a indiqué à l'AFP un porte-parole du ministère régional basque de l'Intérieur.

L'autobus, qui a été totalement brûlé, ne transportait alors aucun passager.

"Le flammes se sont ensuite étendues à six véhicules" garés à proximité, a-t-il précisé.

Deux heures auparavant, des jeunes encagoulés avaient barré une rue de Bilbao, ville basque qui célèbre actuellement ses fêtes patronales, avec des conteneurs à poubelle en feu, avant de prendre la fuite et de jeter des pierres sur les façades de plusieurs agences bancaires, selon ce porte-parole.

Plus tôt dans la journée, trois personnes avaient été arrêtées à Bilbao lors d'incidents intervenus après l'interdiction d'une manifestation de sympathisants de la gauche indépendantiste basque.

Les actes de violence urbaine, ou "kale borroka" en langue basque, sont fréquents au Pays basque ou en Navarre (nord). Ils sont attribués à de jeunes indépendantistes radicaux considérés par la justice espagnole comme des "groupes d'appui" à l'organisation indépendantiste basque armée ETA.

Ces actions consistent le plus souvent en des jets de cocktails Molotov et des actes de sabotage contre des symboles de l'Etat espagnol, des permanences de partis politiques ou des banques.