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Une nouvelle loi encadrant davantage l'activité des religieux musulmans a été signée par Bachar al-Assad vendredi. Dans sa version initiale, elle avait fait l'objet d'une controverse au sein de la communauté alaouite.
Le président syrien Bachar al-Assad a signé vendredi 12 octobre 2018 une nouvelle loi encadrant plus strictement l'activité des religieux musulmans en Syrie, leur interdisant d'utiliser des lieux de culte à des "fins politiques" ou de voyager à l'étranger sans autorisation, selon les médias d'État.
Le texte, adopté le 10 octobre par le Parlement puis signé vendredi par le président, interdit aux imams d'appartenir à des partis politiques non autorisés, de participer à des conférences en Syrie ou à l'étranger et de quitter le territoire syrien sans l'autorisation du ministre des Affaires religieuses.
En 2011, certaines mosquées syriennes étaient devenues le point de départ de manifestations contre le régime Assad.
Le texte met en garde les religieux contre "l'incitation à la haine confessionnelle" et "l'exploitation des tribunes (des mosquées) à des fins politiques". Il limite également le mandat du mufti de la République, la plus haute autorité musulmane, à trois ans renouvelables, au lieu d'une durée illimitée. L'actuel mufti, Ahmad Badreddine, occupe cette position depuis 2004.
Le ministère des Affaires religieuses devra, en parallèle, se "coordonner avec les ministères de l'Information et de la Culture pour superviser les programmes religieux dans les médias, ainsi que les publications religieuses", selon la nouvelle loi.
Une loi initialement contestée
La promulgation de cette loi a été plus compliquée qu’à l’ordinaire. Bachar al-Assad avait signé le 20 septembre le décret n°16 réformant la structure interne du ministère des Affaires religieuses qui datait des années 60 et renforçant ses pouvoirs, dans un pays où la confession majoritaire est l’islam sunnite. Le document de 37 pages avait ensuite fuité sur les réseaux sociaux, suscitant la colère de certains députés de la minorité alaouite, dont est issu le président syrien. "Ce décret ne rendait pas le régime syrien moins séculier, et la panique des supporters du régime n'était pas justifiée", a commenté sur Twitter le chercheur Thomas Pierret, auteur de l'ouvrage "Baas et Islam. La dynastie Assad face aux oulémas".
Face à la grogne, le décret a été débattu à nouveau au sein de commissions parlementaires syriennes, puis amendé, pour encader davantage l'activité des religieux musulmans.
Decree doesn't make regime less secular, just more authoritarian. It strengthens control of Ministry over religious field only (not culture) at expense of Grand Mufti. Moral panic among hardcore regime supporters is unfounded https://t.co/EILPF6Jy2K
Thomas Pierret (@ThomasPierret) 4 octobre 2018La version définitive de la réforme a suscité différentes réactions. Certains jugent qu'elle permettra de "lutter contre l'extrémisme" et d'autres craignent qu'elle ne soit l'expression d'une volonté de museler davantage les voix dissonantes et critiques du pouvoir.
"Cette loi permet au ministère des Affaires religieuses de s'ingérer même dans des activités qui ne relèvent pas de son domaine comme les publications", affirme à l'AFP un avocat syrien, ayant requis l'anonymat.
Le ministre des Affaires religieuses, Mohamad Abdel Sattar al-Sayed, s'est lui félicité d'une "première" permettant de définir des "limites à l'activité religieuse" ainsi que des "conditions pour la désignation des imams et des orateurs".
Avec AFP