Au lendemain des attentats qui ont fait 95 morts dans la "zone verte" de Bagdad, 11 chefs de la police, de l'armée et des renseignements irakiens, accusés d'incurie, ont été arrêtés sur ordre du Premier ministre, Nouri al-Maliki.
AFP - Les autorités irakiennes ont arrêté onze hauts gradés de la sécurité soupçonnés d'avoir failli mercredi dans la protection de Bagdad, après les attentats meurtriers dans la capitale où les habitants écumaient de colère devant l'incurie du gouvernement.
"Onze chefs de la police, de l'armée et des renseignements de Salhiyeh et de Bab al-Mouazam ont été mis aux arrêts mercredi sur ordre du Premier ministre Nouri al-Maliki, qui est également le chef des forces de sécurité", a affirmé jeudi à l'AFP le général Qassem Atta, porte-parole du commandement militaire de Bagdad.
Deux camions chargés de deux tonnes d'explosif ont explosé mercredi devant le ministère des Affaires étrangères à Salhiyeh, dans le centre de Bagdad, et celui des Finances à Bab al-Mouazam, plus au nord, faisant 95 morts et près de 600 blessés. Un troisième a été désamorcé avant que ne survienne une autre catastrophe.
"Ils sont interrogés pour savoir comment ils ont autorisé des camions de plus de deux tonnes en dépit d'une interdiction formelle pour ces poids-lourds de circuler durant la journée", a-t-il ajouté.
Ces carences ont contraint M. Maliki à réévaluer totalement le plan de sécurité mis en place après le retrait américain des villes d'Irak voilà six semaines et dont il tirait une grande fierté.
Lors d'une réunion mercredi soir, "les principaux responsables de la sécurité et les ministres en charge de ce secteur ont pris une série de mesures, dont certaines sont tenues secrètes, pour éviter que de telles erreurs se reproduisent", a indiqué le général.
Les annonces de M. Maliki étaient loin de calmer la colère des habitants du quartier du ministère des Affaires étrangères.
"Bien sûr que les coupables sont les chefs de la sécurité du plus petit au plus grand car il est impossible de laisser circuler sur une route principale un camion en pleine journée. Cela n'arrive ni en Afghanistan, ni en Afrique mais seulement chez nous", affirme un fonctionnaire kurde du ministère.
"Toutes les mesures qu'ils annoncent sont du vent, je suis sûr que cela recommencera tant qu'ils resteront à leur poste", ajoute-t-il.
Il y a deux semaines, pour montrer aux Irakiens que la sécurité s'était améliorée, M. Maliki avait demandé aux forces de sécurité de retirer les murs de protection en béton qui obstruaient les rues de Bagdad. Il n'y avait plus aucun mur devant ce ministère.
"Ces attaques étaient prévisibles. Les terroristes ont voulu envoyer un message pour démontrer que les forces irakiennes sont incapables d'assurer la sécurité et pour saper les succès de Maliki et diminuer sa popularité", a affirmé à l'AFP un conseiller du chef du gouvernement, M. Ali al-Moussaoui.
"Mais les acquis sont plus importants que ce qu'ils ont essayé de faire", a-t-il ajouté.
Un député chiite proche du Premier ministre a accusé notamment l'Arabie saoudite de soutenir les auteurs des attentats. "Ce pays essaie de détruire la sécurité en appuyant les insurgés", a déclaré Sami al-Askari au quotidien al-Doustour.
Les violences ont continué jeudi dans le pays où huit personnes ont trouvé la mort dans des attentats.
Deux personnes ont été tuées et 45 blessées par la chute de cinq obus de mortier sur un quartier résidentiel de Moussayeb (55 km au sud de Bagdad) alors qu'à Mahawil (80 km au sud de Bagdad) deux autres personnes ont été tuées et 22 autres blessées par l'explosion de deux bombes sur un marché, selon les hôpitaux de ces deux villes.
A Jalawla, dans la région disputée de Diyala (au nord-est de Bagdad), deux membres du Parti démocratique du Kurdistan ont été tués dans une attaque contre leur bureau tandis que deux autres personnes sont mortes à Bagdad dans un attentat au vélo piégé.