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Bourses : un effet domino qui annonce une nouvelle crise financière ?

Les chutes sur les marchés financiers américains, puis asiatiques et européens, ont fait ressurgir la crainte d’une nouvelle crise financière. Les baisses ne sont pourtant pas comparables à 2008 - ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle.

Est-ce la dégringolade finale ? Le grand soir de la prochaine crise financière ? Dans le sillage de la baisse à Wall Street mercredi, les Bourses asiatiques et européennes ont également dévissé, jeudi 11 octobre. “La crise financière est plus proche que vous ne le pensez”, affirme le Washington Post, tandis que l’Australian Financial Review demande : “Êtes-vous prêts ?”.

Même le président américain Donald Trump a réagi, mettant en cause la Banque centrale américaine. “La Fed est devenue dingue”, a-t-il lâché, en allusion à la politique de hausse des taux d’intérêt décidée par la Réserve fédérale qui, en rendant l’argent plus cher, ferait fuir les investisseurs.

Principe de réalité

Pourtant, la mauvaise passe boursière actuelle n’a pas l’ampleur de l’effondrement de 2008. Loin de là : le 29 septembre 2008, la valeur de la Bourse américaine avait perdu près de 10 %, soit 1 200 milliards de dollars en une seule journée. La chute à Wall Street n’a été, mercredi 10 octobre, que de 3,15 %, tandis que les marchés asiatiques ont reculé de 3,5 % (Hong Kong) à 6,45 % (Shenzen). Jeudi, à la mi-journée, le CAC 40 affichait une baisse d’un peu moins de 2 %, et les pertes à la Bourse de Francfort ne dépassaient pas les 0,86 %. Il n’y a pas non plus de nouvelle faillite à la Lehman Brothers à l’horizon.

D’où vient alors l’inquiétude qui semble avoir gagné le monde financier ? Pour Pascal de Lima, économiste en chef au cabinet de conseil Harwell Management, il ne faut pas s’arrêter à une simple comparaison des chiffres pour comprendre ces craintes. “En 2008, le choc boursier a d’abord été très localisé aux États-Unis, alors que la spécificité cette fois-ci est que la baisse affecte toutes les places financières en même temps”, explique-t-il.

“C’est comme si le principe de réalité avait rattrapé les investisseurs partout dans le monde au même moment”, note cet expert. Les analystes préviennent depuis plus d’un an que les bonnes performances de Wall Street (lien) ou d’autres places financières sont totalement déconnectées de la réalité économique.

Des États aux caisses vides

Les investisseurs semblent avoir été tirés de leur euphorie boursière par le Fonds monétaire internationale (FMI) qui a révisé à la baisse ses prévisions de croissance mondiale, mardi 9 octobre. En ouvrant les yeux, ils ont alors vu “deux énormes murs qui s’élèvent progressivement : celui de la Chine et celui de la fin de l’argent facile”, souligne Pascal de Lima. La croissance de la superpuissance asiatique ne fait, en effet, plus rêver et les tensions commerciales sino-américaines persistantes promettent des lendemains qui déchantent encore plus. L’accès au financement - essentiel pour investir -, est, de son côté, devenu de plus en plus difficile et onéreux au fil des hausses des taux d’intérêt américains, initiées par la Fed depuis la fin 2016.

La nervosité des acteurs des marchés financiers a, en outre, été renforcée par la certitude que “contrairement à 2008, les États ne viendraient pas à leur rescousse en procédant à d’onéreux plan de sauvetage en cas de nouvelle crise”, explique Pascal de Lima. Les caisses publiques ont été vidées pour sauver le système financier cette dernière décennie, et en cas de nouvel effondrement boursier “les investisseurs vont devoir en subir toutes les conséquences”, précise l’économiste. C’est pourquoi ils cherchent à liquider leur position avant qu’il ne soit trop tard.

Autant d’éléments qui suggèrent que la chute boursière débutée à Wall Street n’est qu’un début. Ce n’est donc pas la dégringolade finale, mais peut-être le coup d’envoi d’une longue descente aux enfers boursiers.