Le plus jeune détenu de Guantanamo, le Canadien Omar Khadr, retourne ce vendredi devant les juges militaires sur la base américaine de Cuba pour une audience préliminaire d’un procès programmé pour le 26 janvier.
Omar Khadr avait 15 ans lorsqu’il a été capturé en Afghanistan, où il combattait parmi les Taliban. Il a aujourd’hui 22 ans et est poursuivi par les autorités américaines notamment pour "meurtre en violation des lois de la guerre" : il est accusé d’avoir lancé une grenade au cours d’une bataille contre les forces américaines, causant la mort d’un sergent américain.
Omar Khadr n’est pas seulement le plus jeune prisonnier de Guantanamo, il est aussi le dernier ressortissant d’un Etat occidental encore détenu sur la base américaine de Cuba. Les autres (Français, Britanniques, Allemands, Australiens, etc.) ont été renvoyés dans leurs pays où ils sont pour la plupart libres. Mais l’administration Bush a persisté à poursuivre Omar Khadr, qui n’a pourtant aucun lien avec le 11-Septembre et était, selon les lois internationales, un "enfant-soldat" lorsqu’il a été arrêté.
Un procès qui pourrait ne jamais avoir lieu
L’audience de vendredi doit permettre de déterminer si Omar Khadr a bien agi "en violation des lois de la guerre" et peut donc être poursuivi. Les avocats du jeune Canadien, qui affirment depuis le début que leur client est victime de sa famille, radicale, qui l’a entraîné dans cette guerre, vont une nouvelle fois tenter d’obtenir le report du procès, alors même que celui-ci a déjà été repoussé à de nombreuses reprises.
Mais le procès pourrait bien ne jamais avoir lieu. Il est pour l’heure prévu le 26 janvier, soit six jours après la prise de fonction de Barack Obama. Le nouveau président américain a promis pendant la campagne et répété depuis qu’il voulait fermer la prison de Guantanamo et mettre fin au système des Commissions militaires, ces tribunaux de guerre créés par l’administration Bush pour juger certains détenus de Guantanamo (à ce jour seulement trois ont été jugés, dont deux renvoyés dans leur pays après une condamnation légère). Le procès d’Omar Khadr pourrait alors n’avoir jamais lieu : contrairement aux membres avérés d’Al-Qaïda, les preuves pesant contre Omar Khadr semblent trop faibles pour pouvoir tenir devant une cour civile américaine, ou un tribunal militaire ordinaire. Omar Khadr pourrait alors devenir le premier bénéficiaire de la fermeture de Guantanamo.