Donald Trump a affirmé avoir demandé des explications à l'Arabie saoudite sur le sort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, disparu à Istanbul, après la révélation d'éléments accréditant la thèse de sa disparition forcée ou de son assassinat.
Une semaine après la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul, le président américain, Donald Trump, a déclaré, mercredi 10 octobre, avoir abordé cette question avec des responsables saoudiens "au plus haut niveau". "Nous voulons savoir ce qui est arrivé", a-t-il dit à des journalistes. "C'est une situation très grave pour nous et pour la Maison Blanche". "Nous travaillons étroitement avec la Turquie et je pense que nous ferons toute la lumière sur cette affaire", a ajouté Donald Trump en se gardant de porter des accusations directes contre son allié saoudien.
La Maison Blanche a fait savoir que le secrétaire d'État Mike Pompeo, le conseiller à la sécurité nationale John Bolton et le conseiller et gendre de Donald Trump, Jared Kushner, s'étaient tous trois entretenus au téléphone avec le prince hériter saoudien Mohammed ben Salmane .
En parallèle, des sénateurs américains, républicains et démocrates ont activé une loi qui oblige Donald Trump à rendre des conclusions sur ces faits au Congrès américain d'ici 120 jours. S'il établit qu'un ressortissant étranger s'est rendu coupable d'une exécution sommaire, de torture ou d'autres atteintes aux droits de Jamal Khashoggi, exilé aux États-Unis depuis 2017, alors Washington pourra imposer des sanctions contre cette ou ces personnes.
Plus tôt dans la journée, le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, le républicain Bob Corker, avait déclaré qu'au vu des informations classifiées auxquelles il avait eu accès, "tout indiquait" que Jamal Khashoggi avait bien été assassiné dans le consulat. "Les Saoudiens vont devoir s'expliquer", a-t-il prévenu.
Selon le Washington Post, les services de renseignement américains avaient intercepté, avant sa disparition, des communications entre responsables saoudiens évoquant son enlèvement. "Les États-Unis n'avaient pas d'informations à l'avance sur la disparition de Jamal Khashoggi", ou d'éventuelles menaces, a répondu mercredi un porte-parole du département d'État américain, Robert Palladino.
Des images de vidéosurveillance
Des télévisions turques ont diffusé, mercredi, des images de vidéosurveillance montrant notamment l'entrée au consulat saoudien d'Istanbul de Jamal Khashoggi et de l'équipe soupçonnée d'être responsable de sa disparition. Ce journaliste critique du pouvoir de Riyad, qui écrivait notamment pour le Washington Post, avait rendez-vous pour des démarches administratives. Selon la police turque, il n'en est jamais ressorti, mais Riyad affirme le contraire.
Sur les images, il apparaît, entrant dans le consulat à 13h14. Un van noir est visible, garé à proximité. D'autres images montrent un van entrer dans le consulat puis en ressortir et se rendre à 15h08, selon la chaîne 24 TV, à la résidence du consul toute proche. Des sources turques, citant l'enquête en cours, ont affirmé durant le week-end que le journaliste avait été assassiné dans le consulat. Mais certains médias ont évoqué la possibilité qu'il ait été enlevé et emmené en Arabie saoudite. Riyad a fermement démenti la thèse de l'assassinat.
La police turque avait révélé quelques jours auparavant qu'un groupe de 15 Saoudiens avait fait l'aller-retour à Istanbul et au consulat le jour de la disparition du journaliste. Le quotidien Sabah a publié les noms et années de naissance de ces personnes arrivées le 2 octobre à l'aéroport Atatürk d'Istanbul. Leurs photos prises aux guichets de contrôle des passeports accompagnent l'article. Le nom de l'une de ces personnes, Salah Muhammed Al-Tubaigy, correspond à celui d'un lieutenant-colonel du département saoudien de médecine légale.
Les autorités turques ont obtenu, mardi, l'autorisation de fouiller le consulat saoudien, mais cette fouille n'a pas encore eu lieu.
Le journaliste saoudien s'était exilé en 2017 aux États-Unis, après être tombé en disgrâce à la cour du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, surnommé "MBS". Dans une interview réalisée par la BBC trois jours avant sa disparition, Jamal Khashoggi a affirmé qu'il n'avait pas l'intention de revenir dans son pays, de crainte d'y être arrêté.
Avec AFP et Reuters