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Le gouvernement français toujours dans l'attente d'un remaniement

Alors qu’un important remaniement, conséquence directe de la démission du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, était attendu dans la journée, aucune annonce n'a encore été faite en début de soirée. Le suspense reste entier.

Un an et demi après son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron fait face à son premier grand remaniement ministériel. Mais celui-ci se fait attendre : le Premier ministre, Édouard Philippe, s’est bien entretenu plus d’une heure, dans la matinée du mardi 9 octobre, avec le président de la République, mais il n'y a eu dans la foulée ni démission de son gouvernement, ni nomination.

La seule annonce jusqu'ici est tombée en début de soirée : le remaniement se fera "sans que le Premier ministre ne donne sa démission et celle de son gouvernement", a indiqué l'Élysée vers 19 heures, sans préciser si les noms des membres du nouveau gouvernement seraient communiqués mardi soir ou ultérieurement.

Le palais Bourbon a d'ailleurs été le théâtre dans l'après-midi d'une passe d'armes entre Édouard Philippe et le président du groupe Les Républicains, Christian Jacob, lors des questions au gouvernement.

Christian Jacob interpelle @EPhilippePM sur le #Remaniement à venir. "Vous êtes aujourd’hui incapable de proposer un gouvernement crédible à la France tant c’est le vide autour de vous !" #DirectAN #QAG pic.twitter.com/5sy3rm9rlr

  LCP (@LCP) October 9, 2018

"Jusqu'à quand cette mascarade va-t-elle continuer", a tonné le député de Seine-et-Marne à l'adresse du Premier ministre, raillant "l'étroitesse, pour ne pas dire le vide, de l'assise politique de [la] majorité".

Dans une ambiance dissipée – plusieurs députés sur les bancs de droite scandant "démission" ou "traversez la rue !" –, Édouard Philippe, ironique, a tenu à "rassurer" Christian Jacob, raillant en retour la "fébrilité" du député.

Une "étroitesse" de la majorité à l’Assemblée, selon Christian Jacob ? "La majorité est déterminée par des élections. Et les élections donnent un résultat qui se voie ici !", balaye @EPhilippePM.#DirectAN pic.twitter.com/Yt9FNuFwLP

  LCP (@LCP) October 9, 2018

Un remaniement qui fait déjà beaucoup parler

Les pronostics peuvent donc se poursuivre. Conséquence directe de la démission, le 3 octobre, du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, qui souhaite reprendre son mandat de maire de Lyon [ce qui est prévu pour le 5 novembre] après plusieurs désaccords avec l’exécutif, le remaniement a déjà fait beaucoup parler, tant chez les observateurs de la vie politique, que parmi les membres de la majorité. Dans une interview dimanche au JDD, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a suggéré que l’arrivée d’une nouvelle équipe apporte un "nouveau souffle" au gouvernement, et qu’elle "fédère davantage" alors qu'Emmanuel Macron et Édouard Philippe sont malmenés dans les sondages.

Au-delà du remplacement de Gérard Collomb place Beauvau, dont l'intérim est assuré par Édouard Philippe, les observateurs évoquent un départ éventuel de la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, visée par une enquête judiciaire, mais aussi du ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, ou encore de Jacques Mézard, à la tête de la Cohésion des territoires. Un redécoupage de certains ministères est aussi évoqué.

"On a besoin de profils plus politiques"

Exercice difficile pour le Premier ministre, le nouveau gouvernement devra conserver "l’identité macronienne" définie par le nouveau président : parité parfaite, mélange de politiciens et de membres de la société civile, équilibre droite-gauche.

"Il est temps de faire plus de place au centre et à la gauche sociale-démocrate pour avoir un gouvernement politiquement plus équilibré. D’ailleurs, on a besoin de profils plus politiques. La société civile, dont je viens, c’est bien mais ça ne suffit pas : il faut aussi avoir une vraie expérience politique et un parcours militant, ce qui a pu faire défaut au gouvernement actuel", affirme, dans un entretien au Parisien, Laurianne Rossi, questeuse (LREM) de l’Assemblée.

Le Mouvement démocrate (MoDem) de François Bayrou, parti centriste qui ne possède que deux petits portefeuilles ministériels dans le gouvernement Philippe 2 [l'une aux Anciens combattants et l'autre auprès du ministre de l'Intérieur], pourrait aussi récupérer des postes importants, tels que l’Agriculture, la Cohésion des territoires ou les Relations avec le Parlement, selon l’AFP.

Le gouvernement, perturbé dans ses réformes et la communication sur ses projets, a déjà été affaibli il y a un mois par la démission surprise d’un autre poids lourd, le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, désabusé par le manque d’ambition du pays et de soutien au sein de la majorité en matière d’environnement.